Sujet : Anywhere Out of the World
Personnages : Amado Yoake – Kyoraku Shunsui
Statut : Privé - En cours
Débuté le : Mercredi 12 Janvier 2011

C’était une belle journée. Non, vraiment, il faisait beau, il y avait du soleil, quelques nuages de temps en temps, une petite brise légère, bref tout ce qu’il fallait pour passer une excellente journée. Bon, il faut vraiment être un imbécile pour décider si une journée serait bonne juste en fonction du temps mais bon, disons que pour le clampin qui se lève le matin, en voyant la météo à l’extérieur, il peut se dire qu’il y aura au moins ça de bien dans la journée, même si celle-ci s’avère pourrie au final. Mais bon, que voulez-vous, l’esprit humain était une chose impénétrable. Yoake avait fait son petit tour discrètement dans le Seireitei et surtout au manoir des Kuchiki pour vérifier que tout se passait bien, et ne voyant rien – aucun complot, aucun danger, aucun espion, rien du tout, les pauvres ils devaient s’ennuyer – elle avait simplement décidé de ne pas aller embêter son petit protégé de Byakuya et l’avait donc laissé travailler paisiblement. C’était donc l’esprit tranquille que Yoake avait décidé de profiter de cette belle journée pour aller faire un tour au Rukongai.

Elle ne savait pas trop ce qui lui avait pris de venir ici d’ailleurs. Aussi loin qu’elle s’en souvenait, sa vie là-bas avait été une véritable catastrophe, et si elle avait fait pas mal de bêtise et découvert quelques coins sympas avec ses anciens copains, la grande majorité des souvenirs qui lui revenaient aussitôt à l’esprit à l’écoute ou à la vue du mot Rukongai, était mauvais. Et dans le genre, très mauvais. Mais Yoake n’était pas du genre à s’arrêter à des détails de ce genre. Elle excellait dans la politique de l’autruche et avait décidé de la mettre en pratique à l’instant même et de snober totalement les méchants souvenirs sournois qui ne rêvaient que de prendre d’assaut ses pensées actuelles. Eh ben non. Le passé était le passé, la journée était trop belle pour qu’il vienne l’enquiquiner maintenant. Remarquez comme la météo peut influencer les gens, c’était dingue ça. Bref, Yoake ne faisait pas trop attention où elle allait en flânant dans les ruelles, s’enfonçant de plus en plus dans les quartiers les plus éloignés. Et, inutile de vous faire un dessin, quiconque vivant ici depuis plus de quelques jours savait très bien que plus on s’éloignait du Seireitei, et plus les gens étaient des vilains pas beaux. Et ceux qui n’étaient pas vilains pas beaux étaient morts. Alors, il valait mieux être un vilain pas beau.

Mais Yoake n’était pas une vilaine pas belle. Non, elle était gentille – erm – et très jolie, non elle n’avait pas les chevilles qui enflaient. Mais la météo jouant certainement, les gens ne vinrent pas trop l’embêter alors qu’elle rêvassait en se baladant tranquillement. Elle était en train de se dire que c’était dingue d’à quel point on pouvait s’embêter quand tout se passait bien et qu’il n’y avait rien à faire. Oh, elle ne crachait pas sur une journée – voire deux, ou trois, ou une semaine – à absolument ne rien faire alors qu’en cherchant bien, elle pourraient certainement trouver des occupations. Mais justement, tout le plaisir était là : ne pas faire ce qu’on était censé devoir faire. Et quand on n’avait rien à faire, ce plaisir disparaissait. Décidément, l’être humain n’était pas fait pour être heureux, sinon il trouverait un copain pour taper dessus parce qu’il s’ennuierait. D’ailleurs, c’était comme ça qu’avait dû...

Tsukiyo : * J’ai faim. *

Et voici Tsukiyo dans toute sa splendeur, hollow interne de notre chère Yoake. Tsukiyo, fais coucou à la camera... Enfin, on ne la changera pas. Yoake reprit donc ses pensées oh combien philosophiques avant qu’elle ne percute qu’il y avait quelque chose qui clochait. Elle fronça les sourcils, persuadée que ce détail était important et qu’elle avait plutôt à s’en souvenir fissa avant que quelque chose de pas bien n’arrive pour gâcher cette belle journée. Tsukiyo avait faim. Et alors ? Et alors, le problème était que Tsukiyo était un hollow. Un arrancar précisément. Et que les arrancars, ça ne mangeaient pas de l’herbe ni des légumes, non non, - Yoake avait essayé une fois mais ça n’avait pas marché. Les arrancars, ça mangeait des âmes tout cru. Et là, elle était un peu beaucoup dans... le village des âmes par excellence. Et avant même qu’elle ait pu ouvrir la bouche pour protester sur le pourquoi du comment que Tsukiyo avait déjà pris le contrôle de son corps qui se voyait maintenant orné d’une queue surmontée d’une pointe en os, de magnifiques yeux d’or fondu cerclés de noir et d’autres détails plus ou moins subtils comme une peau un peu plus pâle et ses cheveux noirs qui avaient perdus tout reflet.

L’arrancar s’étira de tout son long, contente de pouvoir sortir après ce si long moment d’enfermement. Non pas que la vie de Yoake ne soit pas palpitante, mais cela faisait du bien parfois de se dégourdir les pattes autre part que dans son monde interne. Bref, Tsukiyo – qui n’avait en réalité pas si faim que cela – partit gaiement d’un pas vif, la queue camouflée comme elle le pouvait de sa démarche féline et un tantinet allumeuse. Et là tout de suite, les choses se gâtèrent. Elle avait à peine changé de district qu’elle se fit siffler par une bande de mâles visiblement pas très frais et armés jusqu’aux dents – ouais bon, ils avaient un sabre et c’était largement assez – qui ne tarda pas à l’encercler. Bon, c’était prévisible en même temps. Je pense qu’il est inutile de vous raconter en détail la suite, la situation parle d’elle-même. Donc, après une brève joute verbale, le gros malotru essaya de poser sa grosse patte grasse et sale sur l’épaule fragile et délicate de Tsukiyo. Et évidement, là le hollow vit rouge, non mais pour qui il se prenait celui-là ? De quel droit osait-il la toucher ? Alors, la belle opta pour la solution la plus simple : elle lui trancha net le bras. Voilà, il était beaucoup mieux comme ça.

Un peu plus tard, la bande de gros balourds plus quelques copains venus en renfort étaient soigneusement découpés en morceau et déposés avec un goût indéniable artistiquement sur le décor de son tableau. La queue enroulée autour du cou d’un homme dont il ne restait que le buste, le bassin et les bras – c’était plus joli de couper à partir de la taille, malheureusement les organes avaient tendance à se barrer comme ça, elle l’avait appris à ses dépens – elle le maintenait en l’air sans y faire attention, cherchant la meilleure place pour cette dernière pièce. Après réflexion, elle le mit au pied d’une pique fichée dans le sol, où une tête d’un homme aux cheveux longs servait de drapeau près d’un arbre mort décoré pour l’occasion de tripes sanglantes. Le sang avait déjà commencé à se glisser dans les rainures de l’écorce sur le tronc torturé par les ans. Prenant du recul, la belle admira son œuvre et rectifia quelques détails mais... oui non, aucun doute, là c’était de l’art. Une artiste accomplie même. Un tableau digne de figurer dans la Divine Comédie de Dante. C’était magnifique. Tsukiyo acheva de mâchouiller le petit os qu’elle tenait entre les dents et le cracha un peu plus loin, passant le dos de sa main sur son front tâché de sang, l’étalant un peu plus, et resserra la ceinture qui tenait son sabre.

Le monde était merveilleux. Non, vraiment. La vie aussi était merveilleuse, et alors que l’arrancar observait son œuvre avec la plus grande fierté, elle se dit que ce moment était magnifique. Peut-être pas parfait hein, il fallait être réaliste et perfectionniste aussi, mais elle savait se contenter de ce qu’elle avait et pour le moment, elle était particulièrement contente. Sa longue queue d’un blanc ivoire ressemblant à de l’os fouetta l’air d’un air satisfait et revint entourer vaguement ses jambes. Bien évidemment, sinon ça ne serait pas drôle, ce moment presque parfait ne dura pas et bientôt une sphère d’énergie rougeoyante vint s’écraser aux pieds de la jolie arrancar, creusant un très vilain trou dans le sol. Le hollow, lui, ne bougea pas d’un pouce, se contentant d’hausser vaguement un sourcil en regardant bêtement la nouvelle cavité, snobant totalement le courant d’air dans son dos ainsi que l’énergie du capitaine. Bon, cela avait légèrement abimé son si beau tableau mais bon, en y réfléchissant bien, cela pouvait apporter un certain charme... Peut-être en bougeant deux ou trois morceaux de cadavre, en virer quelques-uns pour ne pas trop surchargée l’œuvre et...

Shunsui : « Yoake-chan, je n'aurais jamais imaginé te revoir dans une situation comme celle-ci... »

Et pour cause, ce n’était pas elle. Les épaules de Tsukiyo s’affaissèrent, visiblement pas motivée du tout pour la confrontation qui s’annonçait. Parce que oui, évidemment, cela ne pouvait pas être une boule d’énergie comme ça tombée du ciel provenant de la main divine, non pas du tout, il allait falloir qu’elle fasse face à l’espèce de clampin qui ne savait pas que non, il ne fallait pas jouer à la baballe avec la bouboule d’énergie, c’était mal. On pouvait se blesser, et après les petits garçons pleuraient et il fallait les manger pour les faire taire tout ça, non vraiment, il ne fallait pas jouer avec le Kido, c’était dangereux. Penchant la tête vers l’arrière, dévoilant sa gorge au ciel, elle laissa rouler sa tête sur le côté pour jeter un coup d’œil dans son dos. Un homme, adulte, plus grand qu’elle, les cheveux noirs ondulés, le visage paisible bien qu’alerte, son uniforme de shinigami recouvert par un manteau rose à fleur, le tout ouvert sur un torse à la pilosité assez développée. Bel homme dans l’ensemble, viril. Un petit peu porté sur la boisson estima le hollow grâce à son odorat et au léger courant d’air. Pas motivée pour se battre, Tsukiyo écarta légèrement les mains et se déplaça lentement sur le côté sans démontrer le moindre signe d’agressivité alors qu’il reprenait la parole.

Shunsui : « Je suppose que tu es la responsable de ce massacre ? »

Rho, massacre, tout de suite les grands mots ! Pourquoi pas génocide tant qu’il y était ? S’abaissant lentement toujours en s’assurant de ne montrer aucune hostilité, l’arrancar cueillit une petite pâquerette tâchée de sang à la base de la tige et revint vers le capitaine avec un sourire adorable. S’approchant avec les mêmes précautions, elle s’immobilisa à une distance respectable et lui tendit la fleur, gardant cet air innocent et angélique peint sur sa peau d’un blanc neige. Clignant rapidement des yeux et pencha la tête sur le côté, elle dit d’une toute petite voix charmante malgré son timbre assez spectral :

Tsukiyo : « Peace ? »

Non, Tsukiyo n’était décidément pas motivée pour se battre. Cependant, connaissant l’individu, elle pouvait se montrer remarquablement impulsive et donc, changer radicalement d’avis ou d’humeur. Elle attendit sagement que le gentil shinigami se saisisse de sa petite fleur avant de se reculer à une distance prudente – pour lui comme pour elle – et lui fit un sourire un peu plus animé mais tout aussi pacifique. Sa queue glissa dans l’air et elle jeta un coup d’œil à son travail.

Tsukiyo : « Un massacre ? Allons Monsieur, je suis une artiste moi ! Et ceci est un chef d’œuvre, oui parfaitement ! » Penchant de nouveau la tête sur le côté, elle prit un air pensif et croisa les bras... avant d’ajouter après une légère pause. « Oui bon, d’accord, je suppose que ça dépend des points de vue. Mais c’est eux qui avaient commencé ! » ajouta-t-elle en faisant la moue.

Bon d’accord, après un nouveau coup d’œil sur le spectacle qui gisait, sanglant et éparpillé devant elle, elle pouvait admettre que cela pouvait s’apparenter à un massacre – une boucherie même. Et c’était exactement cela, un tableau d’un massacre. C’était vrai quoi, ces entrailles suspendus en sinistres guirlandes aux branches de cet arbre mort, n’était-ce pas beau ? Le liquide écarlate coulant sur le tronc noué par les ans et les intempéries, n’était-ce pas parfaitement artistique ? Si, bien sûr que si. Mais ça, personne ne voulait le comprendre. Une artiste incomprise, voilà ce qu’elle était.

Tsukiyo : « Oh, et au passage, mon nom à moi c’est Tsukiyo. Yoake n’est pas là pour l’instant. »

Tsukiyo n’était pas totalement stupide non, loin de là. Elle était simplement impulsive, franche et lunatique. Aussi, sous ses airs totalement décontractés, ses muscles étaient tendus sous son hierro et les mouvements aléatoires de sa queue pouvaient être considérés comme légèrement nerveux pour quelqu’un qui la connaissait bien. Cependant, elle n’avait nullement l’intention de se battre ou d’attaquer le shinigami mais, la nature oblige, elle ne pouvait pas se sentir véritablement à l’aise en sa présence. Elle se fit légèrement charrier à ce sujet par Yoake, pauvre arrancar incapable de dompter ses instincts les plus primaires. Ah ! Elle aurait bien voulu l’y voir elle, les hollows étaient des créatures qui agissaient par instinct par définition, il ne lui était pas facile du tout de se détendre en présence du capitaine. Aussi, elle le suivit du regard quand il s’approcha et resta immobile comme il l’avait fait quand c’était elle qui était venu à lui. Après tout, il avait su lui faire confiance, à son tour de lui rendre la pareille. D’une main douce et courtoise, il lui saisit la main pour la porter galamment à ses lèvres, lui offrant un baisemain dans les règles de l’art sous le regard mordoré de Tsukiyo qui émit un ronronnement appréciateur sous ce geste.

Shunsui : « Ravi de faire votre connaissance Tsukiyo-chan... »

Elle l’aimait vraiment bien ce type. C’était un chouette type vraiment. D’habitude elle trouvait toujours quelque chose à redire sur les fréquentations douteuses de l’assassin mais là, elle n’avait rien à redire. Il avait la classe, la puissance, le charme, le charisme, le tact et...

Shunsui : « Serait-ce possible que je puisse m'adresser à Yoake-chan ? J'aurais deux-trois questions à lui poser, la revoir me ferait un grand plaisir ! »

... Et évidemment il voulait parler à Yoake. Elle détestait ce type poilu de partout qui n’avait décidemment aucune prestance. Non, vraiment. Et puis pour qui se prenait-il ? Pour une fois qu’elle pouvait sortir s’amuser un peu, voilà que ce rabat-joie de première venait lui demande – gentiment certes mais ce n’était pas la question – d’échanger sa place avec la vizarde. L’arrancar fit une moue boudeuse et sa queue gifla l’air avant de rester vers le bas, penaude. La vie était injuste. C’était ainsi qu’on la félicitait de son art ? Pff. Une artiste incomprise. Pourtant, elle n’opposa pas de résistance et émit simplement un grondement mécontent et peut-être un peu menaçant avant de se retirer au fond de la conscience de Yoake, lui cédant la place. Aussitôt, la queue qui était en réalité le reste de son masque disparut en une gerbe d’énergie blanche aux contours bleutés. Les cheveux noir opaque retrouvèrent leurs reflets légèrement dorés sous les rayons du soleil et sa peau blanche se colora légèrement jusqu’à devenir pâle. Un sourire doux et réjouit naquit sur les lèvres de la vizarde alors que ses yeux reprenaient leur teinte de glace.

Yoake : « Shun’... »

Et sans plus de cérémonie, se souciant peu de sa tenue ensanglantée, Yoake se jeta au cou de son ami de longue date pour le serrer très fort dans ses bras. Il n’avait même pas changé... le même air nonchalant et pacifique, la même carrure sa veste rose fleurie, ses cheveux bruns et ondulés à demi cachés par son indémodable chapeau de paille... et bien sûr, sa légère odeur virile et alcoolisée. Elle était surprise de l’importance des sentiments qui montèrent en elle alors qu’elle le revoyait après une absence de plusieurs centaines d’année. Elle lui planta un fougueux baiser sur la joue qu’il n’avait toujours pas rasé et, histoire de le taquiner un peu, elle frotta sa propre joue contre la sienne.

Yoake : « Tu piques, Shun’. »