Il n'y avait vraiment pas grand chose à faire du côté de Las Noches ces derniers temps. L'endroit était assez mort en effet, on aurait que tous étaient pris d'une violente paresse dévorante sur place. Tous à pioncer ou se tourner les pouces, une belle bande de glandeurs accompagnée de leurs glandus de premier choix. Tout le Hueco était contaminer par Rui ou quoi? Comme si le caractère de cet Espada se transmettait à autrui par le biais de l'air, une oisivetés contagieuse en quelque sorte. Le plus amusant c'était de se dire que cette situation si désespérément plate et vide d'intérêt ne devait pas daté d'hier au vu de la réactivité quasi inexistante de certains résidents à une majorité des stimuli visuels existants. Zwölf qui s'était attendue à un chaos total et infini de combat incessant était bien loin du compte, tout juste s'il y avait un mort par jour dans l'enceinte du dome. La récolte de données se faisait au ralentit, les réticence de ses camarades à s'investir sérieusement dans une quelconque entreprise autre que celles de sauver leur peau ou de manger y étaient pour beaucoup dans l'histoire. Il n'y avait guère que sur Terre que ses tests s'étaient révélés probants, et ces humains avaient quelques capacités très intéressantes sous la main comme ce Math par exemple dont la simple image du visage de ce dernier ancrée dans l'unité centrale de Zwölf réussissait à lui affliger une expression simple et sincère de joie teintée d'un brin d'amusement. Et puis avec un peu de chance, peut-être retrouverait-elle la trace d'Hitori. C'était décidé, aujourd'hui elle allait passer sur Terre, dans tous les cas de figure elle désirait ardemment une nouvelle peluche pour décorer son antre.

Vraiment étonnant de constater avec quelle rapidité cette coquille vide avait réussit à se reformer un semblant de conscience, un esprit partiellement stable. Cette petite devait avoir du caractère et des tripes avant de se faire charcuter comme elle le fut pour réussir à soigner une telle blessure, à se remettre d'une amputation pure et simple d'une partie essentielle à son bon fonctionnement moral. Ses protocoles restaient prioritaires sur presque tout certes, une bonne partie de ses actions ne servant qu'à servir un seul et unique but visant à l'uppgrader au jour le jour. La perfection, telle était son désir, la nécessité même sine qua non de son existence, toute la puissance de sa détermination glaciale y était condenser. Car pour une machine comme elle l'était en partie, une seule crainte ne s'était gravée à même son code source, celle de devenir obsolète, inutile. Bien entendu elle ne savait pas trop comment s'y prendre elle même, alors elle récoltait des données. De toutes origines, de tout type. L'information amène au savoir et le savoir c'est le pouvoir comme on dit. De ce point de vue elle avait bien avancer, mais bon au vu de son état actuel...Un seul mot se profilait à l'horizon pour qualifier son cas hors norme: Une autiste finie. Passer de légume ambulant à autiste, il faut le faire quand même.

Un garganta plus tard, la secunda apparut en plein parmi les cieux de Karakura à travers l'une de ces chères déchirures inter-dimensionnelles. Telle une vraie plaie purulente de ténèbres ouverte de force par une lame acérée, le passage laissa passer une nouvelle entité spirituelle parmi les vivants. L'air de cette dimension était si ténu, s'en était presque insoutenable pour la petite qui ne supportait ce traitement de choc, ce sevrage à l'ancienne, qu'en se déplaçant de sources d'énergie en source d'énergie. C'est certain, quand on vit sans manger d'âme en absorbant toute particule d'énergie spirituelle ou non dans l'air un passage par le monde physique sans casse croute entre temps c'était hard. Pauvre gamine, mais bon la vie continue et passer quelques heures voir jours sans son "air" n'était en aucun cas insurmontable mais seulement hautement désagréable. L'activité environnante compensait largement cette petite broutille, une vraie armée de fourmis bouillonait sous ses pieds, un petit balai de silhouettes minuscules s'activant au rythme des klaxons, des feu de signalisation et autres. Pas de shinigamis en vue, leur présence s'était drastiquement réduite depuis la dernière fois, sans doute pansaient ils encore leurs blessures depuis la dernière fois. Le soleil vint réchauffer son visage alors qu'elle ne fut frôlée par quelques uns de ses amis de toujours, les oiseaux. Elle ne put retenir son sourire à leur vue, tant ces animaux apportaient de chaleur à son cœur sous l'emprise des glaces abyssales. L'un d'eux vint même se poser sur son épaule, sautillant et chantonnant une douce mélodie à la créature hybride qui vint porter tendrement sa main à la joue couverte de plume du pinçon. Elle regrettait de ne pouvoir lui offrir que cette maigre caresse, mais l'animal s'en contenta avant de continuer son chemin, chose qu'elle fit à son tour alors qu'elle ne descendit lentement vers le sol, se laissant porter par le vent l'une de ces sources de reiatsu si précieuse à son confort dans ce monde se trouvant près de l'endroit où la conduisait sa trajectoire actuelle.

Un jeune homme en était la source, ignorant sans aucun doute l'exceptionnelle puissance qu'il dégageait. Il appréciait un repas en tête à tête avec une personne du sexe opposé, semblant y retirer une très grande satisfaction. Un rendez-vous sans aucun doute, les tenant et les aboutissant d'une telle démarche dépassaient toujours le jeune cerveau de 12 même si quelques embryons de réflexion commençaient à se former à ce propos en elle. Peut-être qu'un jour elle réussirait à démêler ce mystère, si loin de l'attachement maladif qu'elle éprouvait pour les ovipares palmipèdes ou non. Laissant le jeune couple à ses amours, elle prit appui sur son perchoir actuel, une sorte de statue quelconque représentant je ne sais trop quelle bête mythique et accessoirement déco infâme d'un resto à thème, avant de s'envoler à nouveau au dessus de la foule. Flottant de nouveau au gré du vent elle se laissa portée, gracieuse et en paix, dévorant du regard tout élément nouveau se présentant à elle. Frôlant un toit elle finit par se stopper complètement à son extrémité surplombant la ruelle en contrebas. Fixant le soleil, elle ferma les yeux prête à s'endormir quelques instants sous sa chaleur avant de ne repartir à la recherche cette fois ci de petite peluche pour meubler son intérieur ainsi que de cas intéressants dont l'étude lui permettrait d'évoluer d'une façon ou d'une autre. C'est ce qui aurait dû se passer à l'origine du moins. Rapidement, une source de vacarme commença à s'élever depuis la rue. Os contre os, chaire contre chaire. Craquements sinistres et dislocations d'épaule, chaire déchirée et organe mutilé. Un peu de sang tombant en petite giclée entre chaque bruit plus grave formait un fond sonore semblable à une timide rosée imprégnant l'air de la senteur si unique du liquide poisseux. Tournant son regard de glace vers la scène si bruyante, elle perçut une source de Reiatsu relativement puissante qu'elle n'avait pas remarquer auparavant n'y ayant prêter aucune attention particulière. Deux personnes, enfin deux âmes plutôt, se tenaient l'une à côté de l'autre. Enfin plutôt l'une sur l'autre on dirait, l'un le physage tuméfié et en lambeaux, les dents arrachées ou plantées dans la main de l'attaquant. Ce dernier était un jeune homme en apparence, arborant les couleurs chatoyantes du Hueco Mundo sur son uniforme. Des cheveux blancs dignes d'un bête, un véritables chiens enragé dont les yeux débordaient de folie et de cruauté chose perceptible même pour une ignorante comme Zwölf qui percevait un grave déséquilibre dans cette créature, cette bête stupide. Le meurtre devait être dans son sang, il ne pouvait en être autrement au vu de l'expression de béatitude se dessinant sur ses contours alors que du sang ne pénétrait son œsophage entre plusieurs de ses assauts. Triste vie que voilà de passer son existence à prendre celle des autres, elle ne savait pas pourquoi mais Zwölf ressentit alors une infinie douleur dans sa poitrine qui se serra violemment. Cette vue lui était désagréable, insoutenable même. Elle descendit en trombe dans la ruelle, son épée flottant à ses côtés comme toujours

Son atterrissage fut brutal et bruyant, faisant trembler le sol sous la surface de l'arme. Toujours en suspension dans les airs, elle fixait le duo en silence avant de prendre soudainement appui sur le sol se propulsant à pleine vitesse dans leur direction. Prenant la pauvre victime palpitante avec elle, tenant le pauvre enfant dans ses bras, elle passa sa main dans ses cheveux les écartant de sa face mutilée. Il avait souffert, plus que bon nombre de personnes auraient pu le supporter. Quelle résistance pour une personne dénuée de toute puissance. Cela méritait un minimum de respect, surtout après avoir déguster comme ça auprès d'un véritable chien fou...Elle sentait qu'elle devait faire quelque chose pour lui, même si sa logique entrait en contradiction totale avec ceci. Mais elle put contourner les sécurités de son protocoles sans trop de problème vu la quantité d'énergie dans l'air pouvant compenser la perte qu'allait entrainer son geste. Portant ses lèvres sur le front du pauvre garçon, une lumière bleutée fut dégagée par le baisé englobant lentement le petit être dont les traits se firent immédiatement plus radieux et plus sains. Elle venait de lui céder un peu de sa force, prenant en compensation ce qu'exultait le petit monstre couvert de sang lui faisant face laissant la victime aux pieds de Murakumo alors qu'elle ne se relevait, s'élevant de quelques centimètres dans les airs. Les yeux dans les yeux, folie face à logique froide et calculatrice. Quelque chose la dégoutait profondément, c'était viscéral, sa logique elle lui dictait d'ignorer cette petite chose sans intérêt. Mixant les deux elle lui tourna tout simplement le dos, sans rien dire ni faire préférant surveiller le devenir de son petit protégé dont la chaine de Karma était presque complètement rongée.