Tout avait commencé comme chaque jour, ce matin-là. Mizuki s'était réveillée à l'aurore, ses grands yeux tout ensommeillés, sa chevelure rose éparpillée partout autour d'elle. L'enfant demeura un long moment immobile, fixant son plafond violet d'un air absent, l'esprit encore envahi par les brumes du sommeil. Quoi de mieux pour commencer la journée que de tenter de se souvenir de ces fameux rêves d'enfants plus loufoques les uns que les autres, généralement au pays des bisounours ? Aaah, que c'est mignon ♥

La petite demeura encore un moment sans bouger, émergeant des câlins d'ours tout colorés aussi lentement que sûrement. Puis, le drame survint. Il lui manquait un truc, quelque chose de très important. Limite même, quelque chose nécessaire à sa survie. Mais elle n'arriva pas immédiatement à mettre le doigt dessus. Il lui fallut un bon, long moment, mais elle finit par l'avoir. Se redressant brusquement, elle poussa un cri de peur.

- MON CHAPEAU !

Et patati et patatraque, Mizuki se retrouva hors du lit en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire. Disparition mystérieuse du chapeau, acte 1. Elle explora immédiatement tous les recoins de sa chambre, paniquée à la seule idée d'avoir égaré un bien si précieux. Il ne s'était pas enfuit tout de même, hein ? C'était impossible, il l'aimait beaucoup trop pour ça ! Paniquée, Mizuki se prépara en quatrième vitesse, enfilant rapidement ses vêtements et brossant sa chevelure avec plus ou moins d'attention, angoissée. Où pouvait-elle l'avoir égarée ? Elle ne pouvait pas l'avoir perdu comme ça, sans aucun signe, elle s'était endormie avec la veille !

… Le chien ! C'était bien connu, les chiens DÉTESTAIENT les chats ! Ni de une, ni de deux, la petite se dirigea en quatrième vitesse vers son petit chien, un bébé labernois tout mignon avec de grands yeux noirs. Elle s’accroupit devant lui, plantant son regard bleu dans le siens, sourcils froncés.

- Rends-moi mon chapeau tout de suite ! Fais pas cette tête, je sais que c’est toi qui l’a !

Et ainsi débuta un long monologue d’une enfant totalement outrée de s’être ainsi fait voler son chat-chapeau. Mais lorsque le chiot, ne comprenant visiblement pas pourquoi sa jeune maîtresse semblait si en colère, se leva pour venir se blottir contre lui en lâchant un petit jappement vraiment TROP mignon, Mizuki ne put que se dire qu’il était innocent dans ce kidnapping outrageux. Et c’est ainsi qu’elle se dirigea en courant, le petit animal dans ses bras, vers la vieille dame chargée de s’occuper d’elle pendant le énième voyage d’affaires de sa mère.

- Qu’est-ce qu’il y a, ma puce ? demanda doucement la domestique en voyant le trouble de sa protgée aux yeux larmoyants

- Azukiiiiii ! M-mon chapeau à disparuuuuuuut !

- Ah, ce n’est que ça !

L’enfant se refrogna, vexée, avant de suivre la vieille dame, qui la conduisit tout droit vers… la buanderie. Maisc’estquoicebordel ? ! La demoiselle continua de marcher au travers la pièce alors que la domestique c’était arrêtée devant le lave-linge. Tout devint clair. Mizuki devint hypnotisée par le mouvement de son chapeau en train de… MAIS EN TRAIN DE SE NOYER !

– Mon chapeau ! s’exclama-t-elle, horrifiée

- Ça fait 3 ans que tu l’as et 3 ans qu’il n’a pas été lavé. Il était tout crotté. Maintenant calme-toi, le cycle de lavage se termine dans moins d’une heure.

Alors que la vieille dame sortait, la petite, elle, demeura devant le lave-linge pendant un moment avant de se décider à ouvrir grand la porte. Une trombe d’eau s’en déversa immédiatement, la trempant, mais tant pis, elle s’en fichait. Elle prit son bien qui trônait parmi les vulgaires vêtements, avant de sortir en trombe, histoire de ne pas se faire prendre. Le petit chien, tout trempé, la suivit pendant quelques instants, mais fût enfermé dans la maison alors que la gamine continuait de courir, son chapeau sauvé in extremis de la noyade bien calé dans ses bras.

Ses pas la guidaient un peu n’importe où. Bientôt, elle ne sût plus où elle était, mais ça l’importait peu. Ses yeux se posaient partout, observant avec curiosité ce qui se déroulait autour d’elle, s’extasiant devant les fleurs qu’elle voyait. Après un moment, elle mit son chapeau encore bien humide sur sa tête, des gouttes d’eau glissant dans sa chevelure. Elle avait presque l’air d’être sortit d’une jolie plongée dans la rivière en périphérie de la ville, avec ses vêtements trempés. Mais voyons, ce n’était pas possible, puisqu’elle avait peur de l’eau ! Ne soyez pas ridicules !

Et c’est ainsi que, à force d’errer, Mizuki commença à s’ennuyer et à vouloir rentrer chez elle. Mais pas moyen de faire ceci. Pour ne pas changer, elle s’était complètement perdue. La joie, quoi. Et personne ne pouvait l’aider, puisqu’elle ne connaissait pas son adresse et que sa description de la demeure, malgré toute la fierté qu’elle en tirait, était très vague. Du coup, la petite s’était retrouvée dans un parc, toute tristounette, mais surtout terrifiée. Sa mère n’allait jamais la retrouver. Pire, elle allait être super fâchée de savoir qu’elle était sortit sans prévenir et qu’elle s’était mise dans un tel pétrin ! À lalalala que c’est compliqué des parents ! Ça s’inquiète, ça affirme avoir eut peur pour toi, mais plutôt que de te serrer fort fort fort dans leurs bras, bah ça grondait les enfants ! Du coup, bah les enfants, ils pleuraient encore plus ! Pas gentils les parents ! Mais c’est fou ce qu’on ne peut pas se passer d’eux, pas vrai ?

La gamine aperçut soudainement une peluche, plus loin. Bizarre, elle n’y était pas, quelques instants plus tôt… Quelqu’un l’avait oubliée, peut-être ? Bah non, y’avait personne. Un cadeau du ciel ? Oui, ça devait être ça, un cadeau fait par le ciel ! Il ne fallait pas laisser passer ça ! La petite descendit de la balançoire, c’est fou ce que c’est pas confortable ces trucs de toute façon, avant de courir vers la peluche. Un nouvel ami juste pour elle ! Elle en avait plein dans sa chambre, mais pas de pingouins comme celui-la ! Bon, il était un peu bizarre avec ses jambes de bois, mais ce n’était pas grave, elle le trouvait trop mignon quand même !

Mizuki se pencha au-dessus du volatile en tissus, son chapeau encore mouillé menaçant de s’écraser au sol. Souriante, elle prit le cadeau pour le lever dans les airs, sans pour autant le quitter des yeux, puis se mit à lui parler, comme elle le faisait souvent avec ses (très) nombreuses peluches.

- T’es trop mignon toi ! Je me demande comme je vais t’appeler…

Et, pauvre de lui, elle avait décidée que c’était une femelle. Parce que les femelles, c’est plus migon, c’est plus beau et c’est plus gentil. Alors ce pingouin était un pingouin femelle et pis c’est tout. Logique implacable ! Et double malchance, elle était totalement nulle pour trouver des noms. Mais ça, faut pas le dire, chuuuut !

- Hm… Aisuko ! Enfant de la glace ! Oui, c’est kawaii, je garde ! Tu aime, toi ?

Elle ne s’attendait pas à une réponse, à vrai dire, ces craintes quant à rentrer chez elle effacées pour l’instant. Elle regarda autour de lui, se demandant où elle pourrait aller jouer avec le jouet en coton. Elle regarda les arbres un instant, pensive.

Ça sait voler un pingouin ?