La chaleur était pesante dans sa chambre. Soi Fon était allongée, au dessus des couvertures, en sueur, et essayait de récolter le peu de fraîcheur qu’il restait dans son lit en retournant les couvertures dans tous les sens.
Mais rien à faire, plus rien. Chaque parcelle, millimètre carré avait été réchauffé par la chambre qui s’était transformée en sauna. Et dire que c’est elle qui avait insisté pour enlever la climatisation ... Oui, car pour la jeune femme, cet endroit devait rester traditionnel, et la chaleur devait se faire sentir. Il faut souffrir, pour être fort. La chaleur ambiante faisait perdre des calories. Et ça lui permettait, par la même occasion, de faire le deuil d’Omaeda. En essayant de l’oublier.

Par la fenêtre, on pouvait voir, au loin, l’air onduler sous les effets de la chaleur. Si tard, et Soi Fon pas levée ? Etrange n’est-ce-pas ... Et bien il y avait une cause à cela. Une cause particulièrement dérangeante pour Soi, puisque ... C’était sa blessure au mollet, infligée par l’arrancar, ou plutôt par la capitaine elle même qui avait empalé sa jambe sur la lame de l’ennemi, pour sauver Toya, cette fille un peu tête en l’air, qui avait l’air bien dans son délire, mais qu’importe, elle avait réussi à éviter une perte, et aux vues des circonstances, ce n’était pas rien.
En effet, les shinigamis se faisaient de moins en moins nombreux, mais aussi de plus en plus faibles. Face à la menace arrancar, ce n’était pas négligeable. C’était même très dangereux. Qu’importe, elle était encore en vie, malgré cette blessure qui, il fallait le dire, lui gâchait la vie. Les entraînements étaient très douloureux, chaque mission un supplice voire un suicide, elle avait de plus en plus de mal à exercer sa fonction de Ni Ban Tai Taisho.
Elle soupira, s’assit au bord de son lit, posant avec réticence son pied au sol, grimaçant dès que la plante de celui-ci toucha le parquet. Elle se leva, utilisant plus la force de ses bras que celle de ses jambes, et se dirigea, clopin-clopant, vers la salle de bains, utilisant chaque support qui lui tombait sous la main pour pouvoir s’appuyer dessus.
Quelle longue journée allait être celle-ci, vu comment elle commençait. Qu’avait-elle fait, gisant dans son lit ? Elle avait pensé, beaucoup réfléchi, à son avenir en tant que capitaine. La seule solution qu’elle eut trouvé, c’est de s’entraîner, s’entraîner sans relâche, pour pouvoir promouvoir son rang et montrer sa puissance, mais aussi oublier sa douleur. Oublier ... Mais oui, c’était cela !

Elle fila sous la douche en vitesse, fit une moue de douleur au contact de l’eau avec la plaie, et sortit au bout d’une dizaine de minutes. L’eau froide de sa douche habituelle l’avait détendue, elle se sentait moins endormie, plus fraîche pour attaquer cette journée. La douche froide était un des secrets de la jeune femme. Chaque jour, même en hiver, elle prenait une douche froide. Ça lui permettait de se mettre les idées au clair, mais c’était aussi bénéfique pour sa peau, car ainsi, elle était plus tendue, plus résistante aux coups et plus habituée à la fraîcheur dont elle était accoutumée, en mission les nuits d’hiver rudes.

En bref, elle s’habilla, plus lentement que d’habitude, à cause de sa blessure, elle avait pour habitude de se changer en passant ses habits debout, quitte à finir à cloche-pied pour enfiler ses chaussures, mais aujourd’hui ... Il n’était pas question de cela. Ou alors c’était un coup à se rétamer copieusement sur le sol. Une fois habillée, elle soupira de soulagement et sortit. Les rayons de lumière sur les bâtiments blancs l’aveuglèrent, elle plissa légèrement les yeux.
Encore une fois, elle allait s’entraîner, boitante, rejetant toute aide de la part de ses subordonnés, et comme à leur habitude, il la suivaient, l’entourant de mains habiles près du sol et prêtes à la rattraper à la moindre chute ... Cela agaçait Soi, qui, avec sa seule jambe apte à faire quelque chose de potable, sautait et leur donnait un coup de pied, tournoyant sur elle-même, leur conseillant d’aller se faire voir ailleurs. Au fond, elle les aimait, ses petits bonshommes. C’était ses assistants, en quelque sorte.

Elle arriva à la cour d’entraînement, sous une chaleur accablante. Et qui était là ? Son sous-fifre préféré, Hayao. Il s’entraînait, lui aussi. Elle l’ignora, comme à son habitude, et se dirigea vers les poteaux d’entraînement. Soi jeta ensuite Suzumebachi et sa veste de capitaine plus loin, restant en habits noirs, qui lui portaient bien chaud sous ce soleil de plomb. Elle commença à tenter de se mettre en appui sur sa jambe droite, la blessée, pour essayer de donner un coup de pied en hauteur.
Elle sautilla un peu par manque d'équilibre, plia la jambe. « Viser .... » elle pointa son genou vers l’endroit où elle voulait taper, mais recula dangereusement en arrière. Sa jambe ne pouvait même plus supporter son poids plume ... Elle recommença encore, essayant de trouver son centre de gravité. Au bout d’une dizaine d’essais, elle y arriva, mais sans plus. Le coup de pied, au final, ne fut digne que d’un simple shinigami.
Elle souffla, se pliant et posant ses mains sur ses cuisses. Que fallait-il faire ? Continuer ?

... Non, elle avait une meilleure idée. Elle prit des sacs de sable, qu’elle accrocha au poteau, puis commença à taper dedans, de rage, avec sa jambe droite. Encore, encore, et encore. Plus haut. Plus fort. Encore plus haut. Encore plus fort. Elle sautilla sur place, essayant d’oublier la douleur. Elle voulait guérir vite, elle n’en voulait plus, de cette douleur. Tout ce qu’elle cherchait, elle, c’était la tranquilité et la routine de sa vie.

Cependant, depuis que Hayao avait pris la place d’Omaeda, sa vie avait changé. Cet homme ... Il était différent. Quand Soi Fon le croisait, ce n’était pas comme avec Omaeda, ni avec les autres hommes qu’elle chambrait, qu’elle s’amusait à taper ou à mettre au sol, non, lui ... C’était un noble. Et dans certains aspects de sa personnalité, il avait des ressemblances avec ... Yoruichi.
Elle soupira. Jeta un coup d’oeil à son fukutaïsho. Il avait ... Une certaine préstence, une certaine classe. Elle repensa aux paroles de ses amies, et de Yoruichi : « Soi, tu es trop coincée ! Si tu restes ainsi, tu ne trouveras pas de petit ami ! ». Elle soupira, secouant la tête de gauche à droite. Pourquoi pensait-elle à ça ? Entre eux, c’était professionnel. Et ça devait le rester. Un capitaine qui sort avec son fukutaïsho, on n’a jamais vu ça ... Soi Fon reprit l’entraînement, oubliant un peu Hayao.

Au bout de seulement deux heures d’entraînement, la capitaine voulut faire une pause. Le fukutaïsho était déjà là, avachi. Elle le rejoignit, la jambe en sang, mais un sourire narquois aux lèvres.

« Alors, déjà crevé, on abandonne ? »

Soi fronça les sourcils. Ce qu’il pouvait être tête en l’air, cet Hayao ... Toujours à se fasciner pour des choses puériles. La capitaine lui aurait bien donné une pichenette entre les deux yeux, mais se retint. Elle ne devait pas non plus lui imposer trop de choses, déjà qu’il était difficile pour lui d’assurer sa fonction avec la taisho sur le dos ... Si en plus elle devenait méchante ... L’était-elle déjà ? Peut-être un peu. Mais elle agissait différemment qu’avec Omaeda. Moins chiante, moins méchante. Plus ... Sereine et calme.

Elle réagissait aussi aux personnalités de chacun. Elle n’allait pas, par exemple, taquiner Yamamoto. C’était dans sa nature. Hayao, lui, était plutôt indifférent à ses provocations. Contrairement à Omaeda, qui lui, était vraiment émotif. Trop émotif. Il lui manquait, parfois. Elle se reconcentra sur ses paroles. En effet, ça aurait été trop con de tomber dans les pommes.
Mais Soi n’était pas faible. Elle n’était jamais tombée dans les pommes.
Sauf après un bankaï, ce qui est ... On ne peut plus normal.

« Oui, vous avez raison, mais l’entraînement n’est pas assez rude pour que je m’évanouisse. Il en faudrait ... - elle eut un regard dépité en direction de sa jambe blessée - ... Beaucoup plus. Malheureusement, cette maudite blessure m’empêche d’aller plus loin. Au risque de casser ma jambe ... »

Elle haussa les épaules, tourna le dos à son fukutaisho. Même s’il était poli, il était quand même assez sans gêne pour pouvoir lui faire cette remarque. Elle pouffa, et secoua légèrement la tête de gauche à droite. Soi croisa les bras. Elle avait envie de s’asseoir, mais si elle ne pouvait pas se relever, cela ne mènerai à rien. Le sol était trop bas pour qu’elle puisse se relever avec une seule jambe.

Elle se tourna un peu vers Hayao, se pencha en avant et enleva son bandage. La plaie n’était pas belle à voir. Attrapant une gourde, elle se la versa sur la plaie, enlevant le sang qu’il restait. La suture avait été bien faite, mais la plaie ne cessait de se réouvrir. Elle appliqua ensuite une large couche de baume cicatrisant pour calmer les brûlures de l’eau, et arrêter le saignement, puis laissa son bandage à l’air, s’asseyant finalement aux côtés de Hayao, ne pouvant pas attendre ainsi debout.

Une fois assise, elle tendit sa jambe droite et plia la gauche en dessous de celle-ci, puis regarda Hayao. Il était bien bâti, pour un noble. Plutôt attirant, c’est vrai. Mais ce n’était pas le seul, au Seireitei. Il reprit la parole. Ses dires étaient plutôt francs, ainsi Soi eut un mouvement de recul quand il dit qu’il pouvait très bien remplir ses fonctions. Se reposer ? Comme si elle en avait besoin. Elle passait déjà assez de temps au lit, si c’était pour en passer encore plus ...

« Hors de question. Ne dites pas n’importe quoi, Hayao. Vous ne pourrez jamais remplir mes fonctions. Qui s’occupera de l’Onmitsukido, en mon absence ? Qui remplira mes missions ? Sûrement pas vous, il en est hors de question. C’est moi qui donne les ordres ici, pas vous. Et je m’entraîne si je le veux. Vous pensez qu’au lit, je serais mieux ? Et bien restez-y, vous, pendant des semaines. La reprise serait trop rude. Je ne veux pas faiblir. Je ne veux pas ... »

Elle serra le poing, se leva avec difficulté et se dirigea vers la sortie. Il aurait mérité une bonne raclée, cependant ... Soi ne pouvait pas le frapper. Elle n’en avait pas la force. A chaque fois que l’envie lui venait, elle s’évaporait de suite. Elle ne l’avait pas frappé. Du moins, jamais violemment. Juste pour le taquiner.

Elle eut un étourdissement et trébucha, se retrouvant un genou à terre. Elle souffla, grogna, et tenta de se relever à la force de ses mains avec difficulté. Un de ses hommes s’approcha en courant. Elle se releva. Il lui demanda si tout allait bien, elle baissa la tête.

« Je n’ai besoin de personne ... »

Il insista ... Peut-être un peu trop. Elle lui donna un coup de poing dans le thorax, qui le fit reculer d’un mètre ou deux.

« JE N’AI BESOIN DE PERSONNE ! VOUS AVEZ COMPRIS ?! »

Ses hommes, apeurés, s’en allèrent à leurs occupations. Voilà, ils avaient pris à la place de son fukutaïsho. Elle avança avec difficulté, prit Suzumebachi et sa veste, s’appuya contre le mur. Les larmes lui venaient aux yeux. Elle baissa la tête, et quelques larmes tombèrent, humidifiant le sol sablonneux, et l’eau salée ne mit pas longtemps à s’évaporer. Elle planta son zanpakuto dans le sol, avec rage.

Que dirait Yoruichi si elle la voyait dans cet état ? Faible ... Inconsciente ... Énervée ... Elle ne pourrait jamais la battre, si elle continuait ainsi. La capitaine de la deuxième division reprit son arme en l’arrachant du sol, et se redirigea vers Hayao, ses larmes ayant partiellement séché, elle s’empressa de les essuyer entièrement, pour ne pas paraître ... Faible. Elle s’assit lourdement, à la même place que tout à l’heure. Soupira, la tête dans les mains.

« Excusez-moi ... C’est juste que je ne veux pas ... »

Elle soupira, s’excusant encore.

« Je ne veux pas me montrer dans cet état aux yeux de mes hommes. Mais aussi de vous ... Hayao. »

Elle releva la tête doucement, le regardant avec un léger sourire. Un des rares qu’elle eut, de toute sa vie.

Avait-elle pouffée ? Nan, Hayao avait du rêver, Soi Fon n’était pas du genre à pouffer, enfin, il haussa les épaules, son esprit se focalisant maintenant sur la plaie qu’elle lui dévoila. Son visage était parfaitement neutre malgré le fait qu’il trouvait cela laid, mais ce n’était pas forcément la bonne façon qu’il avait de trouver ça laid… En fait il trouvait cela disgracieux sur le mollet de sa Taisho. Il fallait avouer que malgré tout le respect qu’il avait pour elle et les limites qu’il c’était définit envers elle, elle était belle, un corps parfait, rien qu’à cette pensé il rougit de façon très discrète avant de secouer la tête.

Lorsque tout fut finit, lorsqu’elle avait terminée de se bander, elle s’installa sur le sol, il la regarda faire et resta tranquillement à profiter de sa pause.
En fait, tout commença à aller de travers lorsqu’il c’était levé et qu’il lui avait dit qu’il pouvait remplir ses obligations. Elle devint colérique, en fait, Hayao s’y attendait. Il encaissa les paroles avec un calme olympien et il la laissa se relever, sans même l’aider, il faut avouer qu’il avait tout un caractère bien particulier et il lui semblait que l’aider ne ferait qu’empirer les choses, il la laissa partir mais lorsqu’il la vit trébucher, posant son genoux au sol, il eut un léger mouvement vers elle mais avant qu’il ne fasse quoi que ce soit, un homme tenta de l’aider et ce fut à ses dépends qu’il se fit frapper pour reculer de plusieurs mètres. Hayao lui resta de marbre, se crispant légèrement tout de même… Elle avait fait fuir tous les hommes de la Division à plusieurs mètres à la ronde.
Le jeune homme la regarda faire tant bien que mal bonne figure, enfin une figure plutôt rageuse lorsque la lame de son zanpakuto frappa le sable, si à la place du sable, cela avait été un ennemi, il serait surement en train d’agoniser dans d’horribles souffrances. Il la laissa se réinstaller à la même place que tout à l’heure et fut… Choqué.

La voir ainsi, si à cran était vraiment déstabilisant en somme, il se réinstalla à ses côtés et l’écouta attentivement et lorsqu’elle lui offrit l’un de ses rares sourires il lui en rendit en retour. Légèrement un peut gêner de la situation. Il posa une main dans ses cheveux châtain et se gratta la tête. Pas facile d’être dans ce genre de situation.

« Ne vous excusez Soi Fon Taisho… C’est juste que nous tous nous nous inquiétons de votre rétablissement… »

Il regarda un instant le ciel azuré avant de tourner la tête vers sa Taisho, son regard d’un vert émeraude se fixa dans celui de Soi et il dit d’une voix parfaitement calme.

« Je savais bien que ma proposition n’allait pas vous plaire… Mais en continuant ainsi vous allez avoir des difficultés à vous rétablir… Mais si vous voulez, peut être pouvons nous établir un entrainement adapté à votre situation le temps que votre jambe guérisse ? »

Voilà, il avait emmené la chose qu’il voulait lui dire de façon toute simple, la proposition était raisonnable à vrai dire, il suffisait qu’elle accepte le fait que pour l’instant elle ne pouvait s’entrainer de manière efficace. Avec cette méthode elle resterait à la tête de la 2ème Division sans paraitre faible où quoi que ce soit.
Hayao s’adorait, il avait des idées géniales parfois… Enfin il fallait que Soi soit vraiment d’accord avec cette idée… Lui il l’aimait bien et il sourit, fier comme un coq, fallait pas chercher à comprendre. Il s’excusa un instant avant d’aller chercher deux petites tasses de bambou remplit d’eau fraiche et en offrit une à sa Taisho, l’hydratation était une clé pour s’entrainer par cette chaleur, heureusement qu’il y avait toujours ce petit réservoir d’eau fraiche à disposition pendant les séances d’entrainement.

Il bu une gorgée salvatrice et ne put s’empêcher de soupirer de plaisir en sentant son corps accepter la fraicheur un simple instant. Néanmoins, la situation était étrange, presque hors du temps, parler et être installer comme ça à côté de sa Taisho était étrange, en y réfléchissant, il n’avait eu à chaque fois que des rapports de chef et subordonné,, tinté parfois de taquineries de la part de sa Taisho mais c’était dans son caractère lorsqu’elle désapprouvait une attitude d’Hayao… Nan là c’était différent, il appréciait bien ce petit moment tranquille, bon, ce n’était pas comme si elle allait lui déballer sa vie et qu’ils allaient finir potes en se tapant dans le dos et se marrant mais depuis qu’il était à cette fonction de Fukutaisho, c’était la première fois qu’il pouvait lier encore un peut plus le liens avec sa chef et il en était heureux.

Ses yeux ... Ils étaient fantastiques. D’un vert émeraude d’une clarté impressionante. On aurait dit deux joyaux, là, incrustés dans son crâne, dont la peau était pâle telle un petit matin d’hiver. La taisho rougit, ses paumettes s’empourprèrent, elle mit sa main, les doigts pliés, devant la bouche et détacha rapidement son regard du sien avant de rougir d’avantage. Elle ressemblait à une gamine, quand elle agissait ainsi... Elle posa son coude sur son genou, sa main sur sa joue, comme lassée. Elle le savait, qu’ils s’inquiétaient pour son rétablissement, ils s’inquiétaient tout le temps ... Ce n’était plus une enfant, après tout. Quoi que, quand son regard croisait celui de Hayao ... Peut-être.

Mais qu’importe, elle était brave, et même si elle était petite, il ne fallait pas la traîter comme quelqu’un de faible. C’était une shinigami, mais pas n’importe laquelle. Une jeune femme qui, en simple garde du corps de la famille Shihôin, devint capitaine de l’Onmitsukido, comme ses défunts frères avant elle, mais aussi et surtout capitaine de la deuxième division, membre du Gotei 13, et de plus une des rares femmes à être capitaine de l’histoire de la Soul Society.
Alors, il ne fallait pas la traîter comme un petit shinigami de la 4ème division qui se serait foulé la cheville. Même si elle était blessée, c’était une valeureuse guerrière, et elle avait risqué sa vie pour la Soul Society à maintes reprises. Cependant ... Hayao avait l’air de s’inquiéter. Sincèrement, cette fois, et il avait l’air vraiment soucieux. Cela arracha un sourire à Soi qui se demanda pourquoi un tel élan d’affection.

La question pouvait se retourner contre elle aussi. Pourquoi Hayao ? Pourquoi ne pouvait-elle pas lever méchamment la main sur lui ? Pourquoi elle n’avait pas envie de le blesser ou bien de l’envoyer paître comme les autres hommes de la division ? Il était ... Différent. Peut-être. Attirant. Aussi. Et quand elle était avec lui, les heures pouvaient défiler qu’elle n’en voyait pas une seconde. C’était bizarre. Une sensation ... Etrange. Elle se sentait bien, avec lui, mais aussi apaisée. En sécurité.

A cette pensée, elle se tourna vers lui, et le vit sourire comme un benêt. Son idée ... Il était vraiment vantard, celui-là. Elle rit légèrement et le poussa en arrière du bout des doigts, sur son torse, d’un air agacé, histoire de le ramener à la réalité, mais aussi de le taquiner, encore.

« Et vous êtes fier, en plus ... »

Elle leva les yeux au ciel, et un sourire se dessina encore sur ses lèvres. La capitaine regarda au loin, tandis que Hayao partait chercher à boire. Pendant qu’il était partit, la capitaine remit son pantalon par-dessus sa plaie, le baume ayant fait partiellement effet. Elle passa son pouce sur le bout de ses doigts. En plus d’être charismatique, son fukutaisho avait la peau douce. Celui-là alors ... Il accumulait les qualités.

En le regardant partir (non pas qu’elle le matait ... quoi que) elle vit que lui aussi, avait mis son zanpakuto dans son dos. Alors comme ça ... On copiait sa taisho ? Elle n’allait pas le manquer, sur ce coup-là. Il revint avec deux tasses d’eau, et la jeune femme le remercia d’un sourire. Encore un sourire ? ... Pourquoi souriait-elle comme ça ? ... Soi effaça vite ce sourire pour le remplacer par un visage neutre. Le silence se fit. On pouvait entendre les shinigamis de la deuxième s’entraîner au loin. La taisho soupira, et reprit la parole, cassant ce silence apaisant.

« Je pense que vous avez raison, Hayao ... »

Elle se tourna entièrement vers lui, plia sa jambe droite et passa la gauche en dessous, comme elle avait l’habitude de faire, et ... s’empêcha de sourire.

« Je pense qu’il faudrait que je me rétablisse. Mais à une seule condition ... - elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire - ... Vous m’aidez. J’ai honte de l’avouer mais ... Votre présence m’est agréable, et au fond, j’ai besoin de votre aide, je n’y arriverais pas seule. »

Elle baissa la tête, dépitée.

« Je n’arrive même pas à me soigner toute seule ... J’ai toujours été nulle concernant les décisions qui me concernent personnellement ... »

Soi le regarda encore une fois. Elle l’avait vu tant de fois, et pourtant elle ne se lassait jamais de le regarder. Elle essaya d’esquiver son regard, mais rien à faire, elle voulait les voir, encore ... Ces deux joyaux. Son coeur palpita, et elle détourna rapidement le regard, buvant son verre d’eau cul-sec pour se changer les idées. Si elle aurait pu se le verser sur la tête, elle l’aurait fait ... Tellement elle était gênée d’admettre que ... Oui, Hayao lui plaisait.

Pour seule réponse à la première phrase de Soi Fon, Hayao répondit par un sourire et un petit rire avant de se masser la nuque, légèrement gêné tout de même mais bon, il avait bien le droit d’être fier de lui par moment. Lorsqu’il sentit le bout des doigts de Soi Fon sur torse, le Fuku eut un léger frisson, un sentiment étrange naquis dans ses pensés qu’il chassa ne sachant pas trop quoi en faire, il y pensera plus tard, heureusement qu’il alla se vider la tête en allant chercher les boissons.
Lorsqu’il revint, sa Taisho était semble t’il vraiment d’une humeur taquine et souriante, chose rare, généralement elle était plus du genre à répondre sèchement et à être une véritable leader, en fait Hayao voyait un autre aspect de sa personnalité et cela ne le dérangeait pas du tout, bien au contraire.
Par contre, le coup du « vous avez raison » fit presque avaler de travers Hayao lorsqu’il reprit une gorgée, mince alors, elle était d’accord pour son petit entrainement simple, sans se donner à fond, parfait ! Avec ça elle irait très vite bien mieux sur pied et les hommes de la Division auraient plus de cœur à leurs tâches. Il la regarda se tourner complètement vers lui dans sa position habituelle, chose qu’il aimait bien, elle avait une classe folle lorsqu’elle était installée ainsi mais ce sentiment disparut bien vite.

En effet, alors qu’elle parlait, Hayao réalisa quelque chose, c’est que sa Taisho lui disait qu’elle aimait bien sa présence… Des sentiments contradictoires se bousculèrent dans sa tête, d’abord la gêne, après tout elle était sa supérieur et la voir dire cela était tellement peut commun et puis un autre sentiment, la fierté de pouvoir être cette sorte de soutien morale à sa Taisho, cela faisait que quelques temps qu’il avait remplacé Omeda et franchement il ne pensait jamais pouvoir être aussi proche de Soi Fon comme ça, tout du moins, pas aussi rapidement. Il continua de l’écouter attentivement, son regard rivé sur la jeune femme, elle offrait nettement un autre visage, c’était déroutant comme depuis le début de cette rencontre, déroutant et charmant… Oulà attend Hayao… Va pas trop loin… Tu risquerais de te brûler les ailes. Non, il ne devait pas penser à sa, c’était juste qu’elle avait besoin d’un bras droit solide sur qui elle pouvait compter… Elle et son visage magnifique, taillé il aurait put le dire dans une pierre rare, elle avait ce petit quelque chose qui… Non mais stop !
Sans trop savoir comment, Hayao piqua un fard incroyable comme si une chaleur insoutenable le faisait bouillir en lui, il resta tétanisé alors qu’il imaginait des choses, si elle n’avait pas été là, il se serait aspergé la figure d’eau. Non bon, stop, d’habitude, il était quelqu’un de calme, serein, bon les sentiments ce n’était pas vraiment ça et il lui arrivait de dire des conneries, d’être totalement absent… Mais bon bref… Il en était où ? Ouf c’est bon la petite crise d’embarras était passée alors que Soi elle baissait la tête, il tendit légèrement le cou pour l’écouter et sourit légèrement, posant sa tasse sur le sol en bambou.
Ainsi, elle avait l’air d’une chose fragile, c’était quelque chose qu’elle avait en elle, une force et un moral d’acier mais elle pouvait être si… Fragile oui c’était le mot, cela renforçait l’idée qu’il avait de sa Taisho, une femme forte mais une femme malgré tout… Et super mignonne… Oh nan stop. Il souffla entre ses dents, presque de façon inaudible et eut un large sourire envers sa Taisho, le genre de sourire qui veut dire pas de soucis.

« Ne vous inquiétez pas Soi Fon Taisho ! Je suis là, après tout, je suis votre aide de camp, votre bras droit, je dois bien m’occuper de certaines chose et je suis honoré que vous ayez confiance en moi pour votre entrainement. »

Et c’était véritablement sincère, mais il fut interloqué de la voir fuir son regard, comme si elle était gênée… il avait un bout de viande coincé entre les dents ? Pas très classe. Mais le peut qu’il vit de ses yeux à la couleur silex le laissa rêveur un instant, il se demandait d’ailleurs pourquoi elle n’avait pas d’homme dans sa vie ? M’enfin vu le personnage, ce n’était pas sa préoccupation, elle avait de lourdes responsabilités… bref il balaya cette idée de sa tête. En tout cas il resta là, à la regarder, un fin sourire sur le visage, il aurait bien aimé la taquiner mais il y avait tout de même des limites qu’il se fixait vis-à-vis de sa supérieur. Cependant il ne fit rien pour partir, il était très bien là où il était, avec Soi Fon, se disant que ce genre de petit moment en privé serait rare même avec l’entrainement… Oh tiens il allait oublier.

« Pour ce qui est de vous aidez à vous rétablir, peut être que je pourrais passer demain dans vos quartiers afin de mettre au point un planning, il faut aménager des périodes d’entrainements entre vous et moi sans empiéter sur vos autres tâches et comme ça la 2ème Division sera plus sereine. »

Voilà c’était dit, il s’allongea quelque peut, se retenant sur ses coudes, son zanpakuto lui offrant un soutient à son bassin. Bon et bien voilà une bonne chose de faite même si… Et bien… Il y avait quelque chose en lui qui voulait lui hurler quelque chose…

Flashback

Il y avait comme une drôle d’odeur dans l’air. Comme celle qu’il y avait au début du printemps.

Te souviens-tu, Soi, l’odeur du printemps ? Celle des cerisiers en fleurs, en face de l’Onmitsukido. A cette époque, tu regardais tes frères s’entraîner. Tu étais toute petite. Tout le monde te bousculait. Tu étais si petite. Si insignifiante pour le monde. Si fragile, si frêle ... Et tu étais fascinée par toutes ces frappes, tout ces coups de poings ... Ton destin, Soi, c’était de protéger la famille Shihôin. Tu l’as fait avec brio, tu as accompli ton devoir. Pourquoi tout est différent, maintenant ? Tu n’es plus bouscoulée, non, tu bouscules. Tu n’es plus fascinée, par rien. Tout est fade dans ta bouche, Soi. Tu as perdu le goût des bonnes choses de la vie. L’odeur des cerisiers en fleurs, tu ne la sens plus. Ton corps est fermé à toutes ces odeurs, tous ces goûts, tu as oublié, Soi. Tu n’aimes plus la bonne nourriture comme on en mangeait aux temps de gloire de tes frères. Tu ne manges plus grand chose, à vrai dire, Soi Fon. Tu ne manges que du riz, avec de la viande sans aucune sauce. Tu as tellement grandi, Soi ... Pourquoi as-tu changé ainsi ? Depuis le départ de Yoruichi ... Ta vie est triste, Ni Ban Tai Taïsho. Tu as accompli tant de choses ... Tu es la fierté de ta famille. Sois fière de tes réussites, ma fille, et tu profitera à nouveau de la vie. Sois forte. Je te regarde. N’oublies pas tout ce que tu as accompli. Ne l’oublies jamais.

La lettre trônait là, dans les mains de la Ni Ban Tai Taïsho, qui ne cessait de la lire.

« Mais maintenant, tout est si bien, père. Je me sens si bien maintenant qu’il est là. Tu devrais le voir. Tu serais si fier. Mon fukutaisho est un noble, père, comme tu as toujours voulu. Mais rien n’est encore fait. Il y a beaucoup de choses à accomplir à nouveau. Tant de chemin à faire avant que tes voeux ne soient exaucés. Et les miens par la même occasion. C’est un grand guerrier, aussi. Il est valeureux. Je devrais l’intégrer à l’Onmitsukido, je pense. Tu as toujours appuyé mes choix. Pourquoi n’est-tu pas là pour me conseiller. Me juger, comme tu l’as fait auparavant. M’épauler .... Père. Tu me manques. J’espère que mes choix sont judicieux, et que tu es toujours aussi fier de moi. Je ne cesserai de penser à toi. »

Elle salua, puis tourna les talons pour s’enfuir, émouvante scène. Dans le cimetière du Seireitei, il y a un bon nombre de tombes. Mais celle là a une place particulièrement importante pour Soi Fon. La tombe de son père. Et de ses trois frères. Ainsi, elle allait se recueillir toutes les semaines sur leurs sépultures. Et cette semaine-là, elle avait décidé de lui parler de son fukutaisho, Hayao, et du regard qu’elle portait sur lui.

Fin du Flashback



Soi Fon revint à la réalité. Trop souvent elle s’est égarée dans le passé. Elle renifla l’air ambiant, une légère brise vint s’engouffrer dans ses cheveux ... Les cerisiers ... Ils sentaient si bon ... Cela lui donna du baume au coeur. Il la regardait, en souriant. Elle était un peu gênée de la situation, baissa le regard, fermant un peu les yeux.

« Mon bras droit, hein ... »

Elle ouvrit les yeux, tendit le bras dans sa direction, et lui mit une pichenette sur le nez.

« Même pas en rêve. A la limite vous pourriez être ... Ma jambe droite. Qu’en dites vous ? »

Soi releva lentement la tête, un sourire narquois sur le visage. Elle sortit un léger rire, se mit en tailleur avec difficulté, posa ses mains sur ses cuisses, calmement, essayant de se détendre, et surtout, de ralentir les palpitations incessantes de son coeur qui battait à la chamade. Elle souffla doucement, les yeux fermés à nouveau. Elle répondit dans un murmure et un calme olympien à la proposition de son fukutaisho.

« C’est d’accord ... »

Elle ouvrit un oeil, et se le rinça copieusement. En effet, Hayao était là, allongé. Un physique parfait, ça allait sans dire. La capitaine remarqua son zanpakuto, et ne put s’empêcher de faire une remarque, en le designant d’un signe de la tête.

« Alors, c’est mieux comme ça, hein ? On prend enfin exemple sur les grands, il serait temps ... »

Et eut un sourire moqueur sur la figure. Elle s’allongea de tout son long à ses côtés, lui ne voyant plus sa tête et elle ayant vue sur son dos. Le silence était si apaisant ... Elle se sentait si bien ici qu’elle aurait pu s’endormir ... Son parfum lui emplissait le nez. Un parfum boisé et fort, comme ceux des hommes. Pas un parfum doux comme les nobles, non, lui ... C’était différent. Tout était différent chez lui. A croire qu’il le faisait exprès.

C’était étrange. Hayao était habituellement très dragueur avec les filles du Seireitei, en particulier avec les autres shinigamis, mais avec Soi, il ne l’était jamais. Jamais de remarques, jamais de petits clisn d’oeils ni de regards discrets en sa direction. Non. Peut-être qu’il ne la trouvait pas à son goût ... ? Ou alors qu’il agissait comme un noble, en fonction des règles et de la hiérarchie du Gotei 13 ?

A cette pensée, Soi serra un peu le poing et se redressa, un peu vexée. Peut-être était-il timide ... Ou alors il se contrefichait de Soi Fon, pour lui ce n’était que sa capitaine, et d’ailleurs il était fort probable qu’elle ne soit que ça pour lui. Il s’inquiétait sûrement pour elle juste parce qu’il avait besoin d’elle pour gérer la seconde division et qu’il ne pouvait pas le faire seul ... Elle soupira et se redressa, un peu déçue des conclusions auxquelles elle arrivait, et le regarda tout de suite avec un regard neuf. Peut-être n’était-il pas celui qu’elle eut cru.

Il parla, mais Soi n’entendait qu’un bruit sourd à la place de sa voix. N’avait-il plus d’intérêt pour elle, avec ce qu’elle venait de se dire ? Non ... Bien sûr que non. Elle verrait juste avec le temps. Il s’étira et ses articulations craquèrent dans un bruit disgracieux, et elle regarda les muscles de son dos. Quelle musculature ... Elle aurait bien aimé ... Juste ... Toucher ... Elle approcha dangereusement sa main de la peau salée de sueur du Fukutaisho, et dut la frôler du bout du doigt avant de faire comme si de rien n’était.

La Ni Ban Tai Taisho tenta de se relever, mais rien à faire, l’engourdissement de ses jambes était tel qu’elle retomba en arrière aussitôt. Elle écarquilla les yeux, étonnée, mais surtout angoissée ... Angoissée de devoir lui demander ... A lui ...

« Hayao-sama ... Je n’arrive plus à me lever ... »

Elle baissa la tête, et soupira de désespoir. Franchement ... Une mamie avant l’âge ! Même si elle avait plus d’un siècle, s’entraîner était quotidien pour elle, et la jeunesse des shinigamis était éternelle ! Tentant une dernière fois de se relever, elle retomba une dernière fois, grimaçant de douleur, et fit un signe négatif de la tête, comme dépitée d’elle-même.

« Vous pouvez m’aider ? ... Je dois retourner ... Dans mes quartiers ... Je suis fatiguée. »

Et c’était vrai, ses yeux étaient à présent mi-clos, et elle ne pouvait plus faire un mouvement qui nécessitait un minimum d’agilité sans l’aide de quelqu’un. Elle soupira et murmura entre ses lèvres :

« Je suis vraiment ... Pitoyable. »

La taisho se prit la tête dans les mains. C’est vrai que faire preuve d’une telle faiblesse n’était pas digne de la Soi Fon que l’on connaissait, mais après tout, elle n’était pas au mieux de sa forme. Et dire qu’elle ne voulait pas en arriver là ... Non pas que cela lui soit désagréable, mais elle aurait préféré ... Savoir ce qu’il pensait d’elle avant de le forcer à agir.