L’atmosphère tremblait face à l’énergie spirituelle puant la rage de l’arrancar aux iris jaunâtres, les divers objets s’envolaient gracieusement dans les quartiers privés de ce même personnage jusqu’à s’écraser pitoyablement contre le sol, le mur, le plafond, les innocents méchants passants maintenant en sang embrassaient les pieds, les genoux, les poings de leur généreusement cruel supérieur. Il était en effet étrange d’observer un être honteusement pacifique détruire littéralement matières inertes et êtres vivants sans raison apparente. Quelle était donc la source de ce terrible courroux ? Les racines de cette haine bien qu’évidente à comprendre pour un individu lambda de la population restait inéluctablement incompréhensible au regard de gens normalement constitués mentalement.

Cela faisait actuellement une vingtaine de minutes que la Jauria avait battue en retraite après avoir rempli tous les objectifs de la mission au sein du Seireitei. Néanmoins, non seulement l’anciennement appelé Octava Espada n’avait servit que de simple diversion en compagnie de la Segunda ce qui n’avait définitivement rien de flatteur, mais en plus il n’avait même pas pu compenser cet affront en dépossédant les corps de ses opposants de cet artifice qu’un gugusse désigna comme « la vie ». Encore si ce n’était que ça, son esprit détraqué aurait pu tenir le coup mais ce n’était pas tout ! Cette soudaine retraite l’avait empêché de se saisir de la chose la plus essentielle lors d’un voyage à savoir … Un foutu souvenir ! On l’aurait prévenu deux minutes avant de la fuite prochaine des résidants de l’Hueco Mundo, Genesis aurait aussitôt accouru un petit peu n’importe où dans la Soul Society emportant avec lui des papillons, des uniformes de shinigami mais surtout la légendaire barbe du commandant du camp adverse ! Etant donné que des êtres mal avisés, les dirigeants de la Jauria en somme, lui avaient arraché ce plaisir inouï, l’arrancar au cuir chevelu grisâtre se sentait à présent oublié, abandonné, trahit …

Comment avaient-ils pu oser ces sales pécores ! Plus il pensait à ce qu’il aurait pu chérir à son retour, plus la colère l’animait jusqu’à le conduire à attraper de ses longs et fins doigts le crâne d’un subordonné quelconque mais assurément malchanceux s’étant affiché devant lui surement pour prendre compte de sa santé mental. Usant de la force physique colossale qui habitait son frêle corps, le cruel Bêta resserra l’étreinte à tel point que le crâne du malheureux explosa comme aurait explosé un fruit rouge après écrasement. Ce ne fut qu’après avoir posé la paume meurtrière de sa main ensanglantée sur son visage arborant un regard exorbitant, un sourire manifesté sans aucune retenu, une peau repeinte de l’hémoglobine de sa victime que celui-ci retrouva son calme laissant naitre de ses fines lèvres les derniers ricanements qui témoignaient bien de son instabilité psychologique.

-Toi là-bas, grouilles toi de me nettoyer cette saleté s’il te plait.

Ordonna t-il au camarade du cosplayeur du cavalier sans tête après s’être complètement remis de sa folie sanguinaire. Etant bien évidemment une personne aussi bien distinguée que délicate, malgré l’infériorité de son interlocuteur, Genesis Nightmare n’omit point de décorer son ordre d’une subtile marque de politesse. Observant d’un air indifférent le laquais débarrasser le sol majestueux de la crasse dégoulinante qu’incarnait le cadavre, sa déception fut clairement visible du point de vue extérieur lorsque le numéro huit vit que le tout se solda par une large tâche rougeâtre. Enfin bon, ce n’était pas comme s’il s’attendait à autre chose venant de ces rustres composant le palais de Las Noches. Le lunatique n’en pouvait plus de cette scène affligeante, il se devait de prendre l’air. Il en avait assez de cet environnement pesant, monotone, ennuyant qu’offrait l’Hueco Mundo. Le visage essuyé, l’hachoir rangé à son dos, le Garganta ouvert et hop ! Il était parti pour une longue et agréable promenade !

Après s’être extirpé des sombres méandres que logeait le Garganta pour faire son premier pas dans le ciel clair du monde réel, l’insomniaque contempla attentivement le paysage chargé qui s’offrait à son regard. La beauté des poubelles, des déchets, des humains le faisait autant frissonner que la laideur des parcs, des fresques, des monuments. Cet univers avait un sérieux avantage contre l’Hueco Mundo et la Soul Society qui s’apparentait à la diversité. Chaque mètre carré dans chaque rue de chaque quartier semblait manifester quelque chose d’unique dans cette ville ce qui changeait des vastes déserts et des labyrinthes affolants auxquels il avait été confronté. Enfin bon … C’était bien beau d’admirer les lieux encore fallait-il maintenant se décider à trouver une activité. Dirigeant son regard à droite, à gauche, en face, derrière, une zone eut le mérite de l’interpeller davantage. Se rendant par l’intermédiaire d’un sonido au cœur du centre ville où saltimbanques, vendeurs et mendiants venaient animer les environs, la curiosité de l’arrancar à la chevelure d’argent l’invita à s’introduire dans un magasin de vêtement.

La surprise énorme mais évidente venant d’un drôle d’oiseau ayant gardé les mêmes fringues depuis plus d’une dizaine d’année à la vue d’une infinité de tenues de formes, de couleurs, de matières différentes le poussa à venir hurler comme une fan à la vue de son idole mouvant ensuite son corps de telle manière à ce qu’il plonge son nez dans le tas. Ce fut de cette manière qu’il passa une bonne partie de l’après midi à occuper les cabines d’essayages s’étant vite défaites de leurs anciens résidents après que ceux-ci aient vu flotter dans le vide de banales pantalons, manteaux, chapeaux. Marié, mannequin, homme d’affaire, rockeur, accroc de métal, accroc de blues, accroc de tectonique, négligé, agriculteur, clodo, infirmière, femme de ménage, … Genesis adopta tous les styles vestimentaires imaginables. Cependant, son choix final s’arrêta sur une cravate noire qu’il utilisa comme substitut de bandeau, un T-shirt de la même couleur avec « Je ne suis pas fou » d’écrit sur le buste et « Je suis juste Schyzophrène » côté dos. Une paire de chaussette Betty Boop sur quoi il fit cinq trous chacun dont il se servit comme gants et finalement, pour couronner le tout, une fine couverture à l’effigie du roi lion qu’il convertit en majestueuse cape. Suite à quoi le drôle d’oiseau fracassa la porte d’entrée du bâtiment bondissant hors de celle-ci pour crier haut et fort au monde entier en adoptant la posture du super héros :

-Je suis laxatifman ! Le charismatique sauveur qui en fera chier aux méchants !

Alors qu’il s’attendait à un tumulte d’applaudissement de la part de ses spectateurs, un lourd silence vint donner un grand froid à l’atmosphère. Inutile de préciser que tous les passants avaient le regard certes, porté en direction de notre héros internationale, mais visant davantage l’explosion qui avait mystérieusement frappé l’entrée de la boutique de vêtements car il ne fallait pas oublier que l’arrancar au masque bleuté n’était-autre qu’une entité invisible pour de simples mortels. Cette justification n’effleurant toujours pas l’esprit du bon samaritain, celui-ci croyant plutôt qu’il devait faire preuve d’une prouesse héroïque pour s’approprier l’admiration de son entourage, ce fut d’un nouveau bond digne d’une danseuse étoile qu’il se déporta jusqu’à la route où la vue d’un chat écrasé l’avait interpelé. Il devait le sauver pour prouver sa valeur. L’Octava l’avait compris dès l’instant où il avait aperçu le félin qui n’avait présentement d’intacte que le crâne. S’abaissant, s’accroupissant et saisissant celui-ci délicatement entre ses deux index pour relever le menton, Genesis appliqua sur l’estropié ce que l’humanité appelait communément le « bouche à bouche ». Alors qu’après plusieurs minutes d’efforts acharnés le Bêta Octava ne réussissait toujours pas l’exploit de réinsuffler au corps inerte du meurtri le souffle de la vie, un Reiatsu qui lui était particulièrement familier s’afficha juste devant lui le faisant presque instantanément perdre toutes ses illusions absurdes.

-Haru ?

Se rendant compte seulement maintenant de ce à quoi pourrait passer le numéro huit aux yeux du Tercera, celui-ci ne perdit pas le temps de tenter de faire disparaître toutes méprises en adoptant une voix gênée sans pour autant se relever ni même lâcher prise :

-Ce n’est pas ce que tu penses ! Je ne suis ni nécrophile, ni zoophile ! J’essaie juste de …

Tenter d’expliquer la raison qui pouvait l’avoir incité à embrasser un animal écrasé sur l’enrobé constituant la route ne paraissait pas non plus très conseillé pour conserver son image. Quoiqu’au fond, avec son déguisement et ses gloires passées, l’arrancar aux prunelles jaunâtres n’était plus à une débilité près. Enfin, il pouvait toujours tenter d’aider son interlocuteur à penser à autre chose qu’au pathétisme que manifestait le lunatique en changeant de sujet. Chose qu’il ne tarda à faire de façon complètement naturelle tout en se relevant :

-Sinon … Qu’est ce que tu fais là au juste ?

Qui ne tente rien n’a rien après tout.

Tentant vainement de fuir le regard du protagoniste se situant face à lui comme si une part de lui se refusait à prendre ses responsabilités quant à ses actes quelque peu … Voilà quoi … L’arrancar aux iris d’or ressentit comme un frisson lorsqu’une pensée particulière l’effleura. Depuis quand son collègue guettait-il ses faits et gestes ? Et si … Il était demeuré présent depuis le tout début du numéro de l’Octava … Que devrait-il faire ? Après tout, il était bien question de son honneur, de sa crédibilité, de sa réputation. Réfléchissant conséquemment aux mesures qu’il pourrait prendre pour se sortir de ce bourbier, la première idée qui lui vint à l’esprit fut de liquider tous les témoins. Se concentrant deux secondes sur l’intensité peu négligeable voir carrément disproportionné de l’énergie spirituelle du Tercera comparé à ses propres réserves, Genesis Nightmare laissa paraître des petits signes d’anxiété, de stress, de panique à l’instant où il se rendit compte que cette option légèrement extrême n’était même pas envisageable.

*Rassures toi, qui sait, il n’a peut-être rien vue ni entendu. Oui ! Si ça se trouve, il vient tout juste d’arriver sur les lieux !*

Alors que son subconscient tentait désespérément de rassurer son chef d’appartement, après que celui-ci ait tourné lentement et prudemment ses prunelles en direction de son collègue, ses puériles illusions s’évaporèrent définitivement. Une tronche pareille ne pouvait appartenir à quelqu’un n’ayant vu que l’équivalent d’un pigeon occupant le ciel, l’équivalent d’un chien aboyant au seuil d’un portail, l’équivalent d’une carpe Koï s’approvisionnant en phytoplanctons. Non … Il semblait plutôt être tombé nez à nez avec une sorte d’erreur de la nature, d’extra terrestre, de monstre. Au fond, en vue du contexte, le numéro trois de l’organisation était loin d’adopter la mauvaise réaction, au contraire. Néanmoins, cela l’attristait de toujours autant d’être confronté au regard emplit de dégoût, de honte, de rejet de la part de ses confrères. Portant ses prunelles en haut à gauche essayant encore d’échapper à ce qui le terrifiait tant, Genesis devint écarlate, le visage comme noyé par un torrent de sueur dès lors qu’Haru fit usage de ses cordes vocales visiblement dans le but de gronder son congénère. Laissant planer un léger silence, sa première esquive du sujet ayant vraisemblablement lamentablement échoué, le Bêta Octava prit son courage à deux mains, débutant son terrible combat visant à expliquer ses comportements douteux, le tout traduit physiquement par des yeux fixant les pieds de l’interlocuteur, des ongles grattant, égratignant, tranchant ses voisines et une voix à peine audible :

-Ce que je fous là ? Et bien … Comment dire … En revenant de mission, la soudaine retraite orchestrée par les hauts dignitaires de l’esp… De la Jauria m’avait quelque peu … Contrarié …

Bégayant comme le ferait un gamin apprenant tout juste à lire et à écrire, d’ailleurs, la situation actuelle pourrait presque laisser croire à un personnage extérieur à la conversation qu’un banale père grondait son fils après que celui-ci ait commis une bêtise malgré le fait que leur physique n’indiquaient en rien que l’un des deux protagonistes puissent être le géniteur de l’autre. Cependant, alors que le lunatique avait jusque là dressé une prise de parole imprégnée de retenu, de regret, d’honte, celui-ci ressentit un drôle de sentiment. Etait-ce de la colère ? Ou bien de la combativité ? Qu’importe, cette sensation était d’une intensité telle qu’il ne put s’empêcher de l’ajouter en supplément dans son argumentation tout en serrant le poing, regardant son vis-à-vis droit dans les yeux :

-En même temps essaie de me comprendre ! C’est la première fois que je visite la Soul Society et on ne me laisse même pas le temps de visiter, de prendre des photos ni même des souvenirs ! Tu devrais comprendre toi cette sensation désagréable de manque, de regret, de vide lorsque l’on revient les mains vides après un pénible voyage ! J’étais tellement frustré que j’ai même …

S’arrêtant net, les mains bouchant ce qui lui servait de bouche, probablement dans l’optique d’éviter de balancer à un potentiel rapporteur ses propres délits pouvant nuire à son intégrité, l’anciennement appelé Octava Espada reprit d’un ton beaucoup moins confiant :

-C’est donc pour cette raison que je me suis rendu ici, pour me rafraichir les idées … Après je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’ai vu tous ces vêtements dans ce bâtiment et il s’est passé un truc bizarre avec mon cerveau … Comme tu peux le constater …

Ayant enfin achevé son semblant de tirade, l’arrancar à la chevelure d’argent attendit une réaction de la part de son camarade … Trois secondes passèrent et l’insomniaque perdit patience reprenant la parole :

-Et toi … Répondras-tu à ma question ?

La situation était encore plus catastrophique, plus tragique, plus apocalyptique que ce qu’avait imaginé le Bêta Octava. Il y avait de ça deux minutes encore, ce même personnage croyait ou tout du moins espérait toujours naïvement que son semblable n’ait pas assisté à l’intégralité de son show improvisé. Toutefois, celui-ci venait tout juste de sous entendre qu’il était présent depuis l’instant où l’arrancar aux prunelles jaunâtres franchit le seuil du magasin de vêtement. Alors qu’il écoutait toujours le Tercera d’une oreille tout en s’occupant d’enlever toute sa panoplie du super héros, Genesis Nightmare fut surpris de voir que son léger, que son insignifiant, que son ridicule bégayement avait réussi l’exploit de suffisamment choquer son interlocuteur pour lui donner envie d’en reparler. Il avait faillit confondre la Jauria et l’Espada … Et alors ? Qu’est ce que cette petite anomalie verbale avait de si dérangeant ? Allait-il passer pour un révolutionnaire, pour un rebelle, pour un hérétique ? Probablement pas … En revanche, le détenteur du numéro trois s’approchait dangereusement de ces titres peu enviables.

En effet, pour tout de suite questionner sur l’éventuelle nostalgie de numéro Huit par rapport à l’Espada, l’auteur de cette interrogation devait sans nul doute possible éprouver lui-même cette sensation. Quel genre de réponses pouvait-il bien attendre d’un type étant atteint de déficience mental ? Espérait-il que le chevelu réponde affirmativement pour l’inviter à se révolter ou démasquer un potentiel responsable d’un coup d’état pour ensuite le liquider proprement ? Son corps traduisant son intense réflexion par un index gauche grattant frénétiquement sa joue droite comme pour manifester son doute, des pupilles semblant danser sous les paupières comme pour façonner une réponse, des rides se creusant devant ses sourcils comme pour mesurer son effort mental, ses fines lèvres finirent par se mouvoir :

-Je dois avouer que la disparition soudaine de l’Espada compensée par l’arrivée de la Jauria me reste en travers de la gorge … Avant, notre dirigeant avait de la gueule … Maintenant, la relève est constituée de deux arrivistes dont on ne sait rien et réciproquement, il en va de même pour eux envers nous … On ne peut même pas affirmer qu’ils soient vraiment là pour défendre l’intérêt collectif. Au moins avec Barragan, on savait à quoi s’attendre.

Fixant un instant Haru comme pour prendre compte de sa réaction, après que l’insomniaque ait laissait entendre à son vis-à-vis ce que celui-ci voulait probablement entendre, il reprit :

-Et toi … T’es quoi ? Un fanatique s’apprêtant à me réduire au silence ou au contraire un révolutionnaire souhaitant confirmer ma position avant de me dévoiler son plan diabolique ?

Alors que la conversation promettait de devenir intéressante, un élément complètement hors sujet vint balayer le sérieux du lunatique. S’avançant lentement dans la rue afin de garantir une entrée classe, prestigieuse, charismatique, usant d’une mélodie ensorcelant, aliénant, hypnotisant, arborant une façade colorée, soignée, travaillée, une camionnette de vendeur de glace s’installa au cœur du paysage tel une lumière resplendissante, attirante, envoutante placée au cœur d’une sombre, ténébreuse chambre et dont l’unique fonction s’apparentait à cramer les moustiques environnants. Dans le contexte actuel, à la place d’insectes suceurs de sang, des gosses foncèrent tête baissée dans le piège vidant leurs poches pour s’approvisionner en délices. Bien évidemment, Genesis en faisait parti, laissant par la même occasion son camarade de discussion en plan. D’ailleurs, il avait déjà oublié tout ce qui avait été dit avant l’arrivée de ce véhicule divin. Tout ce qui l’importait à présent était d’acquérir un maximum de ces bacs contenant une matière laissant émaner une vive fraicheur, une sublime odeur, une appétissante couleur. Pour se faire, Genesis posa son regard sur l’humain occupant la fonction de vendeur de ces friandises tant convoitées et lui demanda une première fois si celui-ci pouvait le servir. Se rendant compte qu’il était méchamment ignoré du bonhomme, l’arrancar à la longue chevelure d’argent implora le vendeur d’abord par l’intermédiaire d’un regard, puis voyant que ceci ne faisait pas davantage effet, il se mit à se mettre à genou, larmoyant, suppliant que celui-ci daigne bien vouloir le servir … En vain … Un miracle allait-il subvenir ?

Quelle cruauté, quel sadisme, quelle inhumanité … Cet humain était définitivement monstrueux dans son genre. Servir d’un côté de jeunes gamins ayant tout juste l’âge de faire de la trottinette et ignorer magistralement de l’autre le grand gaillard le tout en arborant un visage qui laissait entendre que cette injustice phénoménale était d’une normalité absolue … Une belle preuve du disfonctionnement de la société qui allait jusqu’à pousser les commerciaux à ne point respecter la règle d’or du vendeur qui consistait en la vente de ses produits. Paradoxale, absurde, incompréhensible constituaient les mots définissant l’état de penser de l’arrancar à la crinière d’argent. Croquant inlassablement le bord du comptoir comme pour soulager sa faim, un événement vint arracher son attention. Que faisait-il le monsieur derrière le responsable de la camionnette ? Non … Impossible … Etait-il en train de … Voler la marchandise comme si de rien n’était ? Une minute ! Cette apparence n’était point étrangère au numéro huit. Mais bien sur ! Une tronche comme ça ne pouvait appartenir qu’au Bêta Tercera !

La question était maintenant de savoir ce qu’allait bien pouvoir faire ce bonhomme de son carton. C’est alors qu’après que Natsumi défonce ce qui servait de porte provoquant par la même occasion un léger élan de panique au sein de la population que celui-ci s’accapara le bras de l’insomniaque afin de le tirer en sa direction. Adoptant une mine presque larmoyante du fait de la présence de cette étreinte lui anéantissant le luxe de pouvoir obtenir l’un des produits résidant dans ce fameux véhicule reconvertit en magasin, celle-ci céda vite sa place à la surprise, précurseur d’un nouveau sentiment qui s’apparentait à … Paupières lourdes, visage impassible, épaules excessivement décontractées, lèvres inférieures lourdes impliquant une légère ouverture de la bouche, regard vide … Oui … Cela ressemblait bel à bien à de l’indifférence, de l’ennui, de la lassitude. Cet Haru … Que pouvait-il bien attendre de l’anciennement appelé Octava Espada en lui faisant découvrir un stock de glaces ? Le prenait-il pour un gosse ? Quel irrespect pour un collègue … Penser qu’il pourrait s’attribuer la soumission de celui-ci avec une simple sucrerie … Quelle naïveté …

Cette pensée ne l’empêchant néanmoins pas de s’emparer d’une glace à l’eau au citron ayant l’honneur d’être à la même teinte que ses prunelles et de la sucer quelques secondes avant de ne laisser s’évader de son corps un profond soupir de déception, la monotonie qui l’envahissait inlassablement s’atténua dès lors que son interlocuteur repris le monopole de la conversation. Il revenait donc sur le sujet de discussion de tout-à l’heure … C’est qu’il était tenace le bougre ! Là, il lui demandait carrément de le suivre dans son coup d’état en échange de la possibilité d’exaucer tous ses souhaits. La carotte valait la chandelle, c’était indéniable, mais celle-ci ne rentrait qu’au second plan dans ce qu’exigeait son increvable curiosité. Le protagoniste se situant face au lunatique arborait un visage confiant, trop peut-être … Après tout, il n’était pas en train de lui demander de jouer aux cartes … Il était bien question de l’organisation de la plus grande révolution dans l’histoire de l’Hueco Mundo. L’heure n’était pas à la rigolade … Ce numéro trois ne devait surement pas caresser un rêve de cet envergure sans n’espérer une quelconque récompense. Qu’attendait-il exactement de cette affaire ? Préférant alléger ses maux de tête en débarrassant un peu son contenu à l’oral, Genesis Nightmare offrit à son vis-à-vis la réponse suivante :

-L’homme qui manipule sans raison ni passion n’existe pas …L’homme qui manipule sans raison ni passion n’est pas un Homme …

En effet, chaque action ne se manifeste que si un payement, quel qu’il soit, est possible à la clé. De plus, se rabaisser à demander des faveurs à un quelconque individu n’est en rien gratifiant. Au vue de la personnalité légèrement narcissique de Natsumi, il devrait incontestablement se sentir terriblement humilier de devoir agir de la sorte. Genesis ne pouvait s’imaginer que ce même personnage ne se rabaisse à agir de la sorte au premier venue. Non … Il était plutôt du genre à atténuer ce sentiment en faisant usage de tels agissements à des individus correspondant à des critères précis de sélection. Après avoir laissé planer un court instant de silence, le Bêta Octava reprit en dirigeant son index vers son collègue :

-Toi qui est un Homme du fait de tes nombreux défauts … Quelles sont tes raisons, passions t’invitant à me choisir plutôt qu’un autre comme allié ? Qu’espères-tu gagner dans cette affaire ?

Cette fois, l’arrancar aux iris jaunâtres avait indiscutablement inversé les rôles. Répondre aux questions … Laisser autrui sonder son âme, étudier sa personnalité, le juger par l’intermédiaire de celle-ci … Rien d’autre ne pouvait autant le gêner. L’insomniaque préférait amplement occuper la position opposée. Au fond, il n’existait rien de plus confortable au monde que d’écouter les confessions de l’interlocuteur sans non plus se dévoiler soit même.

Ce fou, pour quelle raison le dévisageait-il ainsi ? L'arrancar aux iris dorés en venait à se demander s'il n'y avait point un résidu de betterave, d'endive, de conserve occupant le nano-espace entre deux de ses dents aiguisés imprégnés du liquide émanant du solide que représentait la glace. Bon dieu, pour quelle raison ressentait-il comme un vide dans son être, dans son âme ... Dans sa bouche … Ce diable … Avait-il osé l'impardonnable ? Suivant du regard le sabre à la garde de bois et la lame de liquide réfrigéré parfumé au citron poursuivre son chemin de l'affreuse main de cet homme aux prunelles de sang jusqu'à l'imperturbable sol l'accueillant dans un terrible splatch venant raisonner tel un écho dans les tympans du Bêta Octava. C'était bizarre … Il y a de ça seulement vingt secondes, le lunatique ne ressentait absolument rien … Le néant envers ce délice industriel … Paradoxalement, maintenant que celui-ci avait épousé l'enrobé, il représentait presque sa plus grande perte … Juste après son intégrité mentale bien évidemment !

Foutue insomnie ! Quand t-est ce que cette pathologie diaboliquement vicieuse se déciderait-elle enfin à quitter cette malheureuse enveloppe charnelle pour venir empoisonner un nouveau réceptacle … Ce gugusse face à lui par exemple ! Il semblait particulièrement consterné du comportement de son congénère. Se rendait-il seulement compte de la torture que pouvait infliger une éternité d'éveil ? Qu'il essaie de faire une seule nuit blanche ! Et qu'il multiplie les effets secondaires par dix mille ! Ce prétentieux aurait un léger aperçu de l'essence de l'autisme du numéro huit ! La disparition de ses lèvres de sa seule glace évoluait déjà en incurable traumatisme détériorant davantage l'esprit désagrégé de Genesis. Autant dire que le fameux shoot dans le carton bombé de nombreuses friandises se manifestèrent dans le cerveau de l'arrancar à la longue chevelure grisâtre comme une véritable explosion mentale.

Plus rien ne fonctionnait dans sa tête … Le néant total … Son interlocuteur semblait avoir fait usage de la parole. Néanmoins, ces sons sonnaient dans l'oreille de l'anciennement appelé Octava Espada comme un simple bruit à peine audible … Presque semblable à un bourdonnement d'insecte. Il était … Définitivement éteint. Toutefois, un miracle survenu. Le contact de la pointe de l'épée du Tercera Espada suffit à rallumer le système nerveux de l'insomniaque. Venant tout juste de quitter le monde des songes pour retrouver le monde réel, Genesis Nightmare eut du mal à traduire correctement les dires du protagoniste face à lui. « autiste », « tu me cherches », « tu risques d'y passer », « Barragan », « tyrannique », « paumés », « tu m'as bien entendu ». Ces mots et groupes de mots furent les seuls que les tympans du drôle d'oiseau réussirent à retransmettre à ce qui lui servait de cerveau. Instinctivement, ses cordes vocales répondirent au tac au tac :

-Non …

Ayant la sale habitude d'agir avant de réfléchir. Ce fut seulement après avoir répondu que l'Hollow au masque brisé s'occupa d'analyser le peu de choses qu'il avait pu retenir du discours de Natsumi. Il l'insultait …. Il le menaçait … Il critiquait son idole … Il lui renvoyait une nouvelle salve de critique … Rien de bien rassurant en somme. Surtout en prenant en compte la lame menaçant dangereusement son horrible visage. Ses neurones disjonctant littéralement, l'arrancar au masque bleuté se mit tout à coup à dégainer un rire nerveux. Qu'était-il censé faire ? Supplier son potentiel bourreau par des mots, des courbettes, des actions humiliantes ? Au fond, agir de la sorte ne le dérangeait pas plus que ça … Cependant, un sentiment étrange l'empêcha d'agir de la sorte. Sa glace, il n'avait pas oublié sa glace … Se tapotant le crâne comme pour tenter d'effacer naïvement ses pensées inutiles, absurdes, inappropriées, Genesis laissa s'échapper divers sons :

-Une glace … Ce n'est qu'une glace … Une simple glace … Qu'une glace … Une glace …. Glace …

Empoignant brusquement son crâne par l'intermédiaire de ses deux mains, se recourbant lentement sur lui même, tremblotant de tout son être … Le détenteur du numéro Huit était actuellement soumis à une invasions d'images fusant à toute vitesse dans son esprit. Son plaisir, ses croquettes, sa glace, le sol, le béton, la matière, le trône, Barragan, Stark … La destruction … Subitement, Natsumi se changea en cet affreux dirigeant de l'Hueco Mundo, sa glace écrasée au sol emprunta la forme des ruine du trône du digne Barragan Luisenbarn, l'environnement apparu aux yeux du taré de service comme la salle de réunion du palais de Las Noches. Surprise, dégoût, peur, haine … Meurtre … Genesis fixait sauvagement son vis à vis malgré la présence menaçante du sabre devant son sombre visage dépourvu de raison.

-Tu as osé … Le trône ne t'as pas suffit ? Il faut maintenant que tu me prives de mes délices ? Enf*bip* d'arriviste ! Je vais te tuer … Tuer ! Tuer ! Tuer tuer tuer tuer tuer!

Dit-il d'une voix de plus en plus rapide, malsaine, instable. Sans ne dégager son regard vorace de celui de sa cible, l'arrancar aux iris jaunâtres saisit par le biais de sa main gauche usant d'un mouvement sec, rapide, sans artifice la lame attentant à sa vie. Serrant progressivement son étreinte afin d'empêcher son opposant de fuir sans ne prêter attention à la plaie naissant, grandissant, régnant au cœur de sa paume et envahissant les contrées extérieures d'une effusion peu conséquente d'hémoglobine. Animé par la seule volonté d'anéantir son ennemi, le lunatique rapprocha l'objet de son étreinte de son flanc gauche comme pour tirer le manieur vers lui. Cette chose faite, l'insomniaque leva son autre main jusqu'au niveau du crâne de son gibier puis fit apparaître une orbe écarlate. Haru allait-il perdre la tête à fréquenter un malade au sens … Propre du terme ?