Après sa rencontre avec Chaos et la solide impression qu’elle fonçait tout droit dans des ennuis plus gros qu’elle et dont elle aurait du mal à se dépêtrer, Yoake décida de retourner à la Soul Society pour vérifier que son protégé allait bien. Elle savait qu’il n’avait pas pu se passer grand-chose depuis les quelques jours où elle était venue... Mais bon, elle avait envie de le revoir. Cela faisait très longtemps qu’ils n’avaient eu de véritables contacts tous les deux, l’assassin se contentant de veiller sur lui de loin, dans l’ombre, comme elle lui avait promis quand il n’était qu’un adolescent. Cependant... il fallait avouer que toutes ses années sans lui parler, le toucher, l’observer autrement que dans l’obscurité d’un mur devenait... pesant. Oui, le noble commençait à lui manquer, et il était temps, après une absence de près d’un demi-siècle aux yeux du chef de clan. Peut-être fallait-il le rassurer et lui montrer que non, elle n’était pas encore passée de vie à trépas. L’avait-il oublié... ? Elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir cette crainte, même si au fond, elle ne pouvait pas prendre cela au sérieux. Il ne pouvait tout simplement pas l’oublier, pas après... le « délicieux entraînement » qu’elle lui avait fait subir sur les drogues et autres poisons. Ca non, il n’était pas près de l’oublier, elle en était sûre.

Donc, la vizarde était de retour à la Soul Society. Elle avait attendu patiemment la fin de la journée pour attendre son jeune prince dans sa chambre mais en cours de route, elle avait entendu les serviteurs discuter sur l’absence prolongée du capitaine et de sa sœur, l’un restant cloîtré dans sa Division, l’autre étant partie en mission sur Terre. Intéressée par tout ceci, elle se renseigna discrètement et elle reçut la précieuse information du nom de la ville où elle était en fonction. Karakura. Comme de par hasard. Cependant la nuit ne tarda pas à tomber sur le Seireitei et les serviteurs partirent tous se coucher... et Yoake n’était pas là pour ça de toute façon. Remontant soigneusement son bandeau ne laissant apparaître que ses yeux, elle se glissa une nouvelle fois dans les ténèbres de la nuit et rejoignit d’un pas lent et tranquille les rues presque désertes du monde des âmes. Elle prit son temps, prenant plaisir à esquiver les patrouilles, à se glisser dans les ombres pour ne pas se faire voir des sentinelles, muselant au maximum son reiatsu jusqu’à atteindre les quartiers de la sixième Division.

Lassée de jouer, Yoake se concentra sur l’énergie de son prince pour le retrouver plus facilement. Étonnamment, il n’était pas enfermé dans son bureau mais bien en train de profiter de la fraîcheur de la nuit pour faire une petite promenade. Elle s’immobilisa dans l’ombre d’un arbre, parfaitement invisible et prit le temps d’admirer sa beauté pâle sous l’éclat d’argent de la Lune. Sa peau avait un teint presque blafard sous cet éclairage si particulier et ses yeux semblaient plus sombres que d’ordinaire... Sa tenue et son maintien étaient parfaits comme l’exigeait son rang, cependant Yoake était suffisamment habituée à tout cela pour deviner la lassitude de ses muscles sous le roulement de ses épaules, la raideur de sa nuque à sa façon de tourner la tête, la fatigue se lisant dans son regard ombrageux. Pas de doute, il avait besoin d’un bon massage, d’un câlin et qu’on s’occupe de lui ou Yoake ne s’y connaissait pas et était prête à manger son bandana. Elle le laissa cependant continuer sa promenade, connaissant l’effet apaisant qu’une telle sortie pouvait avoir sur lui et le suivit de loin alors qu’il rentrait dans son bureau remplir ses dossiers. Dossiers. Elle grimaça à ce mot. Si un jour elle revenait au Seireitei, elle se promit d’informatiser la totalité du réseau administratif. C’était beaucoup plus rapide.

Elle grimpa dans un arbre et l’observa travailler sagement, sachant que si elle débarquait tout de suite elle aurait d’autant plus de mal à le convaincre d’arrêter de travailler pour la nuit. Alors, patiente, elle attendit sagement, admirant la lumière dorée de la bougie et celle hyaline de la Lune se battre pour former des ombres sur la silhouette du noble. Elle s’amusa un instant à étudier l’influence des nuages et du vacillement de la flamme sur le halo tantôt éclatant tantôt sombre qui entourait le noble. Elle veilla à bouger de temps en temps, ne laissant pas l’humidité de la nuit atteindre trop rapidement son corps et, une fois qu’elle aperçut la flamme s’éteindre pour de bon, elle sut qu’il était temps pour elle de tirer son prince des horribles griffes de l’administration. Se glissant sournoisement sans le moindre bruit dans la pièce par la fenêtre laissée négligemment ouverte, elle attendit qu’il rabatte sa tête vers l’arrière avant de doucement venir lui enlacer les épaules, laissant transparaitre son énergie pour qu’il ne croit pas à une agression et qu’il lui arrache la gorge avec les dents. Elle le serra très tendrement contre elle, frôlant sa gorge exposée de ses lèvres alors que son énergie douce et protectrice venait entourer le noble capitaine en une étreinte chaleureuse. Oh oui, elle savait qu’il détestait les câlins et même toutes formes de contact et elle s’en délectait d’autant plus, alors qu’elle venait ronronner doucement à son oreille, effleurant délicatement sa peau douce de sa joue.

Yoake : « Bonsoir Jeune Prince... N’est-il pas un peu tard pour ce genre d’activité ? »

Le noble réagit comme Yoake s’y était attendue et comme il était le plus logique de faire, elle le sentit se tendre entre ses bras avant de reconnaitre l’énergie protectrice l’entourant et devant faire remonter un certain nombre de souvenir en lui. Cela montrait aussi qu’il n’était pas tant sur les nerfs que cela, il avait su se contrôler à temps et ne lui était pas sauté dessus comme un chien enragé car un peu à cran... Bon c’était déjà ça, elle n’arrivait pas à la dernière minute non plus. Pourtant, le noble ne se détendit, se figeant plutôt dans le creux de ses bras sous le joug de ses câlineries qu’elle adorait lui faire. Elle sentit le léger frisson qui le parcourut et s’en délecta d’autant plus, et même si elle ne pouvait pas le voir, elle le connaissait suffisamment pour devenir le froncement de sourcil qui devait rider son front. Un courant d’air passa, et les bras de l’assassin se refermèrent sur du vide. Un sourire amusé naquit sur ses lèvres mais elle ne fit aucun commentaire, s’attendant à ce genre de réaction... Elle rétablit tranquillement son équilibre et se redressa l’observant enfin de plus près. Il n’était pas plus grand qu’elle de beaucoup, à peine quelques centimètres et pourtant, malgré la fatigue qui étreignait son maintien, il avait toujours cette classe, ce charisme calme et impérieux qui faisait baisser le regard à une grand majorité de personne. Pourtant, elle n’appartenait pas à son monde de lumière et, tapie dans l’ombre, elle pouvait tenir tête à n’importe qui. Aussi, elle lui rendit tranquillement son regard calme et observa son expression se recomposer avant de souffler de sa voix grave et atone :

Byakuya : « Amado Yoake... Voilà un fait rare que de te voir depuis quelques décennies. Dois-je m’en inquiéter ? »

Son expression s’adoucit à ses mots et elle pencha légèrement la tête sur le côté, son sourire tendre accroché aux lèvres. Son regard plongea dans le sien malgré l’obscurité ambiante et elle put lire que, malgré les quelques mètres qu’ils les séparaient, il y avait une étrange entre eux dans ses yeux, quelque chose que le temps certainement avait creusé. Elle ressentit une bouffée de culpabilité l’envahir d’être restée dans l’ombre si longtemps mais... n’était-ce pas ce qu’elle lui avait promis, de rester loin de sa vie ? Elle se demanda s’il lui en voulait de son si long silence, s’il aurait préféré qu’elle se montre plus souvent mais... rien dans son attitude ne laissait transparaitre une telle chose. Mais après tout, on ne savait jamais avec lui, c’était un homme secret... Comme son grand-père l’était. Mais ce n’était pas le sujet actuellement et Yoake devait bien une réponse à l’un des êtres qui était paradoxalement le plus proche d’elle. Avec lui, elle ne jouait pas à prétendre être quelqu’un d’autre, elle se montrait elle-même... dans une certaine mesure du moins. Alors, elle joua la carte de la franchise avec son protégé et souffla tout bas, d’une voix douce :

Yoake : « Nullement... Tu me manquais, simplement. J’avais besoin de te voir. »

Le noble se redressa et, lui tournant le dos, il rejoignit la seconde fenêtre du bureau pour y observer le dehors. Elle ne bougea pas d’un pouce pendant un instant, se contentant à nouveau de l’observer... Après le contentement de le revoir, de le toucher – pour son plus grand malheur, et elle n’avait pas fini, foi de Yoake – et de lui parler, elle se sentait étrangement intruse à tout ceci, comme si elle n’aurait jamais dû quitter l’ombre et sa protection, comme si sa place était toujours dans l’obscurité à veiller sur lui et non pas à ses côtés. C’était une sensation bien étrangère et elle dut se bousculer mentalement pour se rappeler qu’une fois sortie de l’ombre, elle ne devait pas juste rester là comme un piqué à vérifier qu’il allait bien. Non. Et puis, comme un grand garçon qu’il était maintenant, Byakuya reprit la parole et tendit la plus grosse perche de sa vie :

Byakuya : « Ne refais plus jamais cela. »

Mais oui bien sûr, sur place ou à emporter ? Frites – Coca ? Il y eut un gros effort de la part de Yoake pour ne pas pouffer et, d’un shunpo, elle fut dans son dos pour lui enlacer la taille avec douceur mais une certaine fermeté pour l’empêcher de s’esquiver comme tout à l’heure à coup de déplacement instantané, à moins qu’il ne veuille la prendre avec lui. L’un de ses bras enroula sagement sa taille en une légère caresse, laissant sa main au niveau de sa hanche alors que l’autre remonta tout aussi doucement jusqu’à ce que son bras lui barre le torse pour nicher sa senestre sur son épaule. Non mais, avait-il totalement oublié à qui il avait à faire ? Cette phrase était purement et simplement un appel aux câlins, ne lui en déplaise et il n’était certainement pas au bout de ses surprises avec elle. Les nobles, je vous jure. Elle frotta doucement son visage sur son épaule jusqu’à venir nicher son nez dans ses cheveux et souffla d’une voix amusée, un brin moqueuse :

Yoake : « Ben tiens, je vais me gêner. » Elle ferma les yeux et fit quelques ronrons dans son cou, avant d’ajouter juste pour l’embêter. « Après des décennies d’absence, j’exige d’avoir mon câlin. Allons... détends-toi et laisse-moi faire... » ronronna-t-elle tout bas.

Et paf, prends-toi ça dans la face, au moins le ton était dit. Elle s’enivra un instant de son odeur qu’elle avait toujours aimé, celle d’un cerisier mais en plus musqué, définitivement masculin. Sans un mot de plus, et parce que de toute façon si Yoake voulait son câlin, elle l’aurait quitte à le droguer aux aphrodisiaques alors autant qu’il se laisse faire tout de suite, elle fit glisser ses mains jusqu’à ses hanches avant de revenir dans ses reins... pour remonter doucement de chaque côté de sa colonne vertébrale, ses mains mémorisant ses muscles horriblement tendus, confirmant la nécessité d’un bon massage. Elle les fit ainsi glisser jusqu’à ses épaules où elle fit rouler ses pouces pour arriver à sa nuque et... connaissant le point faible de son protégé, elle en usa outrageusement et glissa ses doigts dans ses cheveux pour lui masser le crâne, alternant massage et caresse pour le convaincre un petit peu de se laisser faire. Oui, Yoake était une personne fourbe et rusée, et elle aimait ça.

L’une des choses les plus agaçantes avec le chef de clan, était que quoique vous puissiez lui faire, si vous ne vous appeliez pas Hisana – et encore – il gardait toujours cet air noble, froid, hautain et fier. On s’y faisait à la longue, n’empêche que ça restait une de ses horripilantes habitudes et il fallait des années pour apprendre à lire entre les lignes, savoir quand il aimait une chose ou non quand la réponse était impossible à déchiffrer dans ses mimiques physiques, et surtout, apprendre à le suivre quand il parlait parce qu’il devait avoir l’impression qu’on pouvait lire dans ses pensées et comprendre où il voulait en venir... Et il fallait encore des décennies supplémentaires pour savoir les choses qu’il aimait mais qu’il ne savait pas encore. Par exemple, les câlins. Elle savait qu’il aimait ça – elle le sentait et elle était allée fouiner dans sa tête pendant son sommeil – même s’il tentait par tous les moyens de se persuader du contraire. Il n’était juste pas habitué... et elle avait bien l’intention d’y remédier. Aussi, alors qu’elle lui massait avec toute la douceur du monde le dos et que ses muscles se relâchaient au fur et à mesure, le noble gardait son petit air pincé et dédaigneux. Sale bête.

Byakuya : « Yoake... » Cause toujours avec ce ton d’avertissement, tu m’intéresses. « Traitresse. » Moi aussi je t’aime fort mon petit cœur.

S’autorisant un petit sourire victorieux qu’elle camoufla très vite parce que le regard du noble était fixé sur son reflet dans la vitre, elle accentua légèrement son massage sur son crâne en esquivant machinalement et avec habilité les fils de son keisenkaan. Pourtant le noble se reprit et bloqua calmement mais fermement ses mains. Alors qu’elle lui faisait des câlins dans les cheveux. Il l’avait bloqué. Eeeeh ? Comment ça il osait la bloquer ? Yoake se sentit un tantinet vexée qu’il puisse ainsi la repousser alors que normalement elle appuyait sur son bouton OFF. C’était de la triche – enfin, en fait c’était elle qui trichait, et donc normalement quand on triche, ça marche – il n’avait pas le droit. Il était censé se laisser faire parce que pas capable de se défendre et après elle devait profiter sournoisement de la situation pour continuer ses câlins. Et là... il venait de la bloquer. Elle. Le son d’un froissement de tissu se fit entendre alors qu’il se retournait pour lui faire face. Et il avait les sourcils froncés, signe d’agacement alors qu’elle était en train de lui faire des câlins capillaires. Son bouton OFF aurait-il migré pendant qu’elle ne le regardait pas ? Hm, non puisqu’il avait clairement dit « Traitresse ». Alors quoi ? Allait-il si mal que cela ?

Byakuya : « Laisse-moi en paix, j’ai dit. » Ouh-ouh, le ton froid, c’était du sérieux. « Tu sais fort bien que je n’aime pas ce genre de familiarité. » Et il voulait bien lui dire ce qu’elle en avait à faire ?

Yoake était peut-être un poil contrarié que son protégé réussisse si facilement à lui résister. Bon, en même temps elle lui avait appris à le faire même sous l’emprise de la drogue mais quand même, ce n’était pas une raison. Il n’avait pas le droit de lui résister à elle parce que... il n’avait pas le droit et puis c’était tout. Observant calmement le noble de ses yeux de glace, Yoake était en train de mettre machiavéliquement au point un plan machiavélique avec l’aide machiavélique de son machiavélique hollow machiavéliquement interne. Mais pour l’instant, puisque la méthode un peu bourrine pour lui faire des câlins n’avait pas l’air de marcher, il allait falloir s’y prendre de façon détournée, y aller tout doucement et l’avoir avec de fourbes méthodes sournoises. Yoake baissa un peu la tête, avec un air penaud et peut-être un brin déçu de ne pas pouvoir câliner son protégé pour montrer à quel point elle était heureuse de le revoir en face à face.

Yoake : « ... Bon... Comme tu veux, excuse-moi... » Elle glissa une main dans ses propres cheveux et, après un soupire elle releva la tête pour lui faire un timide sourire. « Je suis juste... heureuse de te revoir... »

Ah ! Voilà ça c’était fait, maintenant, il fallait réaliser la phase suivante. Se redressant légèrement comme pour marquer qu’elle reprenait le dessus sur elle et que c’était fini son caprice – « lol » – elle prit un air un peu plus sérieux et peut-être plus... professionnel. Après tout, son rôle était de veiller à la bonne santé et à la protection du chef de clan, donc ce qu’elle allait lui demander était tout à fait légitime et non, elle ne s’en servait pas comme excuse bande de mauvaises langues.

Yoake : « Cependant... tu es tendu, j’ai pu le sentir. Laisse-moi simplement te masser le dos – pas de câlin, un simple massage, et c’est une promesse. »

Lentement, le noble chef des Kuchiki s’écarta d’elle, relâchant sagement ses poignets et s’avança dans la pièce en lui tournant le dos, silencieux. Lentement, des nuages passèrent dans le ciel, bloquant un instant les rayons de la Lune et, la bougie s’étant éteinte, la pièce se retrouva dans la pénombre. Le haori blanc du capitaine permit à Yoake de suivre ses mouvements fluides et nobles, alors que son propre corps disparaissait dans l’obscurité, là où était sa véritable place. Ses yeux habitués à l’ombre se fixèrent sur la silhouette du capitaine, pendant que son esprit et son corps se liguait contre sa volonté et son devoir. Elle savait qu’il avait besoin de ce massage. Son corps était las et fourbu, son esprit fatigué de cet enchaînement de dossier et même sa raison ne pouvait nier qu’il avait besoin de repos... un repos que Yoake pouvait lui offrir. Il lui suffisait juste qu’il cède à cette douce tentation, qu’il se laisse séduire par cette proposition sage et raisonnable... mais elle savait le noble têtu, il pouvait tout aussi bien n’en faire qu’à sa tête et reprendre ses dossiers. Auquel cas, il lui faudrait alors les lui confisquer, les enfermer dans une boite et envoyer le tout au fond du bassin de ses précieuses carpes jusqu’à ce qu’il aille dormir. Non mais.

Byakuya : « Soit, puisque tu le juges nécessaire. »

Rho genre, bientôt il allait lui dire qu’il acceptait mais c’était uniquement pour lui faire plaisir... De là à dire que le noble agissait comme si tout ce qu’il faisait était une faveur qu’il vous accordait, il n’y avait qu’un pas. Mais bon, ne soyons pas mauvaises langues et disons simplement qu’il se rangeait à ses arguments. Yoake retint donc un « Yesssssssss ! » de victoire et ne bougea pas d’un poil, attendant sagement que le noble s’installe alors que les rayons argentés de l’astre lunaire venait baigner la pièce de leur douce lumière. Le noble s’approcha alors de son bureau, et alors qu’elle pensait qu’il allait juste prendre place sur sa chaise pour qu’elle lui masse les épaules mais non, elle masqua rapidement son air surpris en comprenant qu’il attrapait la clé pour ses appartements privés dans la Division. Visiblement, le noble était vraiment tenté par l’envie de se faire masser, preuve irréfutable qu’il aimait les câlins et qu’il refusait de se l’avouer. Opportuniste au possible, Yoake ferma son bec et lui emboita sagement le pas, refermant silencieusement la porte derrière elle pendant que le noble... commençait à se déshabiller.

Se détournant pour ne pas avoir un hollow qui lui bavait outrageusement sur la conscience – et elle aussi par la même occasion – elle ôta soigneusement ses gants et remonta ses manches, les nouant au premier tiers de ses avant-bras en faisant attention aux lames cachées dans le tissu. Ses mains désormais nues s’occupèrent ensuite du bandeau qui pendait désormais autour de son cou et qui servait à lui camoufler la tête quand elle se promenait à l’extérieur. Elle rangea le tout dans l’une des poches attachées à son obi et son regard glissa sur... le corps à moitié dénudé de son protégé. Il lui fallut quelques secondes avant de se reprendre, n’en laissant rien paraitre sur son visage éternellement amusé... qui aurait été un peu entaché de sang nasal si la belle ne savait pas se tenir. Le noble n’était pas très large d’épaule, et la pratique d’arts martiaux avait doté son torse déjà fin et fuselé une musculature sèche et souple... mais il n’avait pas besoin de rouler les épaules pour que la lumière s’amuse à faire un jeu d’ombre sur lui. Il n’y avait pas à dire, elle comprenait pourquoi cet homme avait été désigné comme le plus beau et le plus séduisant de toute la Soul Society. Il avait la force, les valeurs, la richesse, l’intelligence et un corps de rêve. Et... merde Tsukiyo, arrête de baver, tu vas inonder Jin’Eidorin !

Le noble s’était allongé et dégageait à présent son dos de sa chevelure ébène pour s’installer confortablement, croisant les bras sous sa tête. Sans un bruit, elle ôta son zanpakuto qu’elle avait pour des raisons pratiques, accroché dans son dos et le posa délicatement sur le sol avant de venir le rejoindre. Tout ce paquet de muscle allait être pendant l’espace de quelques instants... à elle. A elle et à ses doigts experts. La vie était merveilleuse. Mais avant tout cela, il fallait un peu préparer le terrain et mettre le noble dans ses conditions optimales pour se détendre. De plus, une fois les mains pleines d’huile de massage, elle ne pourrait plus les plonger dans ses cheveux. Alors, autant commencer par là et... oui bon elle lui avait promis un massage du dos, mais le crâne ça en faisait partie aussi non ? Plongeant alors ses mains douces et habiles dans sa chevelure, elle commença par délicatement ôter le kenseikaan du noble pour libérer ses mèches de ce carquois étroit... et put donc à loisir débuter son massage lent et relaxant... Oui bon, elle se vengeait peut-être de sa résistance de toute à l’heure il fallait l’avouer. Ça lui apprendra. Non mais.

Elle câlina pendant un long moment son crâne, profitant outrageusement de sa faiblesse pour l’apaiser et le mettre en confiance. Puis, délicatement, ses doigts descendirent dans sa nuque et ôtèrent les quelques mèches qui y étaient restés avant d’effectuer des mouvements lents et circulaires, dénouant ses muscles avec douceur... et profitant un peu de la situation, il fallait l’avouer. Se redressant, elle versa l’huile sur ses mains et les frotta ensemble pour réchauffer le liquide sirupeux avant de les apposer tendrement sur le dos du noble. Avec langueur et sensualité, elle commença par lui masser les épaules et le haut des bras, se servant de ses siècles d’expérience, mélangeant différentes techniques exclusivement relaxantes. Alternant effleurement, caresse et massage, elle dénoua une à une ses fibres musculaires avec une patience d’ange, remettant un peu d’huile de temps en temps sur ses mains. Le capitaine n’était pas très expressif, aussi elle ne pouvait pas vraiment se guider à ses réactions pour insister sur tel ou tel point et suivait donc son instinct et ses années de pratique.

Et non elle ne profitait pas de la situation. Non. Pas du tout. D’accord, elle prenait un certain plaisir à parcourir avec presque de la tendresse son corps d’albâtre et à s’occuper un peu de lui mais ça s’arrêtait là. Et oui il était beau mais elle avait élevé son père bon sang, elle n’allait pas craquer sur un jeunot comme lui, aussi séduisant qu’il puisse être. C’était donc par pur amusement et esprit de jeu que Yoake laissait traîner ses doigts à la frontière de son hakama et de son obi, les glissant parfois sous le tissu mais uniquement pour achever son mouvement le long de son muscle. Ses mains descendaient suffisamment bas pour que cela soit un peu ambigu mais ne dépassait jamais la limite du pelotage de fesses. Alors il ne pouvait pas lui dire quelque chose. C’était jouer avec le feu sur le fil d’un rasoir, et Yoake s’en amusait – en bavouillant un peu au passage, mais ça il ne pouvait pas le voir puisqu’il était sur le ventre – mais elle ne continua pas ce petit jeu très longtemps. Même si elle adorait le masser, elle ne voulait pas prendre le risque qu’il se crispe et qu’elle soit obligée de tout recommencer.

Elle remonta donc tranquillement son massage l’air de rien, vérifiant que chaque muscle était détendu au possible... et eut une idée un peu spéciale. Après un bref instant d’’hésitation, elle finit par se dire pourquoi pas et, après avoir parcouru en long, en large et en travers son dos, elle... chargea ses doigts de faibles doses de reiatsu pour les appliquer sur ses points d’énergie spirituelle, offrant un contact peut-être très légèrement électrisant. Elle fit doucement passer cette sensation par de tendres caresses sur sa peau, pendant que ses doigts parcouraient les fils de son reiatsu, stimulant et apaisant son énergie pour qu’elle circule sans le moindre effort dans chaque fibre du corps du noble. Elle n’était pas sûre que ça allait lui plaire mais bon, qui ne tente rien n’a rien n’est-ce pas ?

Rhooo non mais il l’énervait avec son dos lui ! La madame, elle te fait des papouilles et des câlins alors t’es sage et tu te plains pas, non mais... En plus il aimait bien quand elle caressait ses cheveux alors il n’allait pas râler alors qu’elle lui faisait plaisir... C’était le monde à l’envers. Elle sentit sa futile résistance s’envoler sous ce massage crânien et il gronda même quand elle passa à sa nuque. Et toc, bien fait, ça lui apprendra tiens à rouspéter pour rien. Elle sentit son esprit se détendre au même rythme que son corps, chassant ses sombres pensées et tous ses soucis l’espace de quelques instants. D’ailleurs, que valait cette tension dans ses muscles ? Yoake prit le temps de réfléchir à la question en parcourant son corps de marbre de ses mains. Il n’y avait pas de réelles alertes à la Soul Society, à part les Daemons bien sûr... mais à part les deux troisièmes sièges de la treizième Division, ils n’avaient pas fait de réels dégâts pour l’instant.

D’ailleurs, cela lui rappelait qu’elle devait toujours trouver des informations sur le Seireitei... et son esprit se révolta aussitôt à l’idée de poser ce genre de question à Byakuya... qui de toute façon trouverait ça louche qu’elle s’intéresse à la Soul Society, se braquerait et elle n’en tirerait rien. De plus, il connaissait son identité, et ce n’était... comment dire ? pas très amusant. Certes, tous les moyens étaient bons pour arriver à ses fins. Seulement, il était beaucoup plus drôle de se faire passer pour un shinigami et aller récolter les rumeurs et les ressentis des hommes directement à la source. Bon, qu’y avait-il mise à part ça qui puisse préoccuper tant que ça si ce n’était pas les Daemons ? Il y avait bien la mission de sa sœur, après tout il était très protecteur et elle était sûre qu’il se faisait un mouron du Diable en la sachant dans un autre monde que le sien mais bon, elle avait été envoyée à Karakura... c’était pas le Bronx non plus.

Pour y habiter, elle savait que les hollows qui se baladaient là-bas n’étaient pas si puissants et puis tant qu’elle restait sagement à faire sa mission sans se frotter de trop près aux Daemons, que pouvait-il lui arriver ? Surtout qu’au moindre problème, elle savait qu’Ukitake n’hésiterait pas à secourir l’un de ses hommes, il était comme ça. A première vue, Byakuya n’avait pas à s’inquiéter tant que ça au point de se noyer ainsi sous le travail. Il y avait anguille sous roche, et elle se promit d’aller faire un petit tour dans la ville du côté du monde spirituel pour fureter un peu et vérifier que tout se passait bien... quitte à revenir ici rassurer le noble quant à la santé de sa petite sœur. Bientôt qu’il en ferait des cauchemars... je vous jure les grands frères. Elle grimaça tout de même en remettant deux ou trois vertèbres mal placées, brisant le silence par des craquements sourds. Avait-on le droit de se négliger à ce point ? Les nobles n’étaient-ils pas censés faire attention à leur corps et tout le bazar ? Elle allait le dire aux anciens. Na.

Elle sentit ses muscles nouvellement délassés se tendre de nouveau – saleté, il allait ruiner son massage il allait falloir qu’elle recommence – pour permettre au noble de se redresser, se tournant vers elle avec sur le visage, des résidus d’une expression de surprise. Ah oui, elle savait que cela n’allait pas trop lui plaire... Bon tant pis, maintenant il restait à le convaincre de se laisser faire, après tout elle ne faisait que prendre soin de lui et même si ce genre de pratique sortait un peu du cadre d’un massage, elle avait le droit quand même. Et si elle ne l’avait pas, elle le prenait. Non mais.

Byakuya : « Que fais-tu ? »

Des crêpes mon cher et tu vas servir de tablette de cuisson comme dans Hot Shots. Non mais franchement, elle lui en posait des questions ? Pourquoi devait-il être si méfiant ? Qu’il se pose des questions elle voulait bien le comprendre mais pourquoi avait-il besoin de se relever comme ça, avait-il peur qu’elle le fasse frire ? Et aussi, pourquoi avait-il gardé ses gants ? Il était à moitié nu sous ses yeux devant elle mais non, il avait gardé ses gants. Il devait être pudique du poignet. Faisant refluer l’énergie dans ses doigts elle vint en douceur passer ses mains sur son dos et ses épaules en une caresse appuyée... à mi-chemin entre un massage et une simple caresse et se pencha sur lui pour venir murmurer à l’oreille... sinon il n’entendrait pas n’est-ce pas ? Et puis, elle ne voulait pas briser l’ambiance détendue et tamisée qui s’était installé entre eux.

Yoake : « Shhh... Je ne fais que prendre soin de ton corps et de ton énergie... T’ai-je déjà nui d’une quelconque façon... ? Laisse-toi faire, fais-moi confiance... »

Elle continua ses caresses appuyées sur ses épaules, faisant rouler ses pouces sur ses muscles taillés au laser et se redressa légèrement... si la persuasion ne marchait pas, il allait falloir y aller par la menace ! D’un ton plus léger et amusé, elle ajouta avec un sourire un petit peu moqueur.

Yoake : « ... sinon je te fais un bisou ! »

Yoake sentait son emprise revenir peu à peu sur le noble alors que ses mains parcouraient avec application ses muscles dans l’unique but de le détendre. Elle ne répondit pas à sa première remarque, se contentant d’émettre un petit rire cristallin tout bas que lui seul pouvait entendre mais n’ajouta rien... Il allait voir ce qu’il allait voir, en attendant il fallait tout d’abord qu’elle achève son doux massage. La revanche se mangera froide, et bientôt il ne ferait plus autant le coq. Elle se retint difficilement de sourire dans ses moustaches pour ne pas se trahir en songeant à sa petite vengeance, qui lui apprendrait ce qu’il en coutait de la provoquer elle... Visiblement il avait déjà oublié qui elle était. Vraiment, cela faisait trop longtemps qu’elle ne l’avait pas vu, il prenait de mauvais plis avec l’âge et il était plus que temps de remettre les choses en place – et elle ne parlait pas uniquement de ses vertèbres. Cependant, elle prit soin de reprendre ses caresses chargées d’énergie, un peu plus progressivement pour moins le choquer et l’habituer petit à petit à ces étranges attouchements. Quand elle avait quelque chose en tête, elle ne l’avait pas autre part après tout.

Byakuya : « Je te remercie beaucoup pour ce massage Yoake, mais il me faudra retourner à mon bureau après cela. »

Oui mais bien sûr. Après cela, cela désignant un bon gros dodo avec plein d’heure de sommeil dedans, un solide petit déjeuné et une bonne douche. En gros, elle n’avait pas l’intention de le laisser travailler avant demain matin, même si elle devait l’assommer ou l’hypnotiser pour cela. Et au fond, elle savait parfaitement qu’il ne s’opposait à elle que pour la forme, sachant très bien qu’elle ne le laisserait pas faire. Peut-être aimait-il lui tenir tête ou plus simplement il faisait cela par fierté. Mais bon, c’était qui le dominant dans ce couple hein ? Celle qui portait la culotte ici c’était elle, et il pouvait bien prendre de grands airs et faire le beau devant les autres, tous deux savaient très bien qui avait le pouvoir ici. Non mais. C’est pour cette raison qu’elle le laissa fanfaronner tout son saoul pour lui faire plaisir, hochant gravement la tête un peu ironiquement et insistant sur les nœuds de reiatsu les plus concentrés. Bientôt, il n’y eut plus une seule parcelle de peau qu’elle n’avait pas caressé ou massé de ses doigts agiles, avec ou sans énergie spirituelle concentrée. Bien, maintenant il était l’heure de la revanche. Caressant avec délicatesse sa peau de marbre, elle vint se pencher à son oreille pour murmurer doucement d’une voix amusée :

Yoake : « Tu disais quoi déjà tout à l’heure ? Que ce genre de chose ne pouvait te porter atteinte ? »

Et sans lui demander son avis, elle déposa avec douceur, tendresse et application un baiser dans le creux de son cou, tout près de la jonction avec l’épaule. Ah ah ! Il faisait moins le malin maintenant ! Anticipant une réaction de sa part et décidant qu’elle n’allait certainement pas s’arrêter là, elle grimpa rapidement à cheval sur lui et, profitant sans honte de sa fatigue, sa position et sa surprise, elle s’allongea sur lui et l’immobilisa d’une prise martiale. Sachant très bien qu’il n’allait pas se laisser ainsi faire, Yoake décida de rester sur l’attaque et... se mit à le chatouiller férocement à l’aide de sa main libre. Non. Elle ne reculerait devant rien et puis, un bon fou rire, n’était-ce pas idéal pour se détendre un bon coup ? De plus, elle était certaine qu’il n’avait pas ri depuis des siècles alors cette petite séance de chatouilles lui ferait le plus grand bien. Elle ne le laissa ni le loisir de répliquer, ni la chance de pouvoir s’échapper, ni l’occasion de se libérer non plus. En réalité, elle le chatouilla presque jusqu’à ce que mort s’ensuive, se souciant peu qu’il s’étouffe ou non à moitié en malmenant son oreiller pour masquer ses rires... Elle ne décida de s’arrête qu’une fois que cela devienne presque douloureux pour lui.

Une fois satisfaite et se disant que la première étape de sa vengeance était menée à bien – elle n’avait pas l’intention de s’arrêter là – elle se stoppa progressivement et finit par lui caresser doucement les flancs pour le laisser s’apaiser tranquillement. Joueuse, elle déposa un léger baiser à peine appuyé et d’une tendresse infinie sur son épaule dénudée avant de se laisser glisser lentement à ses côtés pour le laisser respirer le pauvre choupinet. Allongée sur le flanc près de lui mais sans réellement le toucher, elle laissa simplement sa main traîner dans ses cheveux pour se faire un peu pardonner et l’aider à récupérer son souffle, un petit sourire moqueur et joueur peint sur ses lèvres. La nuit était bien loin d’être terminée pour eux, mais il ne la passerait certainement pas derrière un bureau à faire des dossiers, foi de Yoake.

Allongée sur le flanc, une main perdue dans la chevelure sombre et aussi douce que de la soie du noble, le moment semblait comme suspendu. Empli de cette fierté qui lui était propre, Byakuya lui tournait le dos, se soustrayant à sa vue et reprenait progressivement son souffle. Ce simple petit moment était parfait. Elle, l’apaisant, lui se laissant faire, en cette intimité et ce rapprochement qu’il n’accordait qu’à peu de monde – voire à personne. Un moment simple, doux, presque tendre pendant lequel Yoake se surprit à espérer qu’il dure... mais elle était trop désabusée et cynique et connaissait bien trop le capitaine pour y croire plus d’une ou deux secondes. Après tout, elle était son garde du corps mais également un assassin, une meurtrière, et elle lui avait enseignée à toujours garder cette réserve, ce petit doute envers elle intact. C’était nécessaire, une façon de le forcer à ne jamais se reposer sur ses lauriers, et également un moyen de protection pour elle... Sa manière de la repousser sans arrêt, lui opposant une résistance systématique lui permettait de ne pas le confondre avec son père, d’être capable de garder la tête froide quand la situation l’exigeait et ne pas céder à la panique ou à ses sentiments. Oh, elle aimait sincèrement le noble, mais toujours avec la même réserve qu’il avait envers elle.

Byakuya : « Que cherches-tu encore ? »

Ce qu’elle cherchait ? Une bouffée de colère l’envahit brusquement, maudissant leurs positions respectives. Pourquoi ne pouvaient-ils simplement pas se rapprocher, oublier les barrières, s’accorder l’espace d’un instant un peu de cette complicité qui leur manquait à tous les deux ? Lui s’isolait dans sa noblesse et sa froideur, elle portait en permanence des masques et ne laissait personne l’approcher réellement. C’était nécessaire, d’abord à cause de son travail – cela faisait longtemps qu’elle avait réalisé que tous les gens qu’elle approchait étaient soit des cibles, soit des employeurs, soit des intermédiaires ou des contacts bref, personne d’inutile – et ensuite car elle vivait dans le monde des humains, monde où les personnes ne vivaient pas plus de quatre-vingt ans au maximum. De là, deux problèmes se posaient, elle qui ne vieillissait pas attirait beaucoup trop l’attention et le second, même si elle mettait au courant la personne, elle finirait par la voir mourir et devrait supporter sa perte.

Et ces quatre cents dernières années à ne jamais rester plus de quelques années au même endroit avait transformé Yoake en un monstre de détachement, de solitude et de froideur. Avec un sourire ironique mental, elle se dit que Byakuya malgré les apparences avait le cœur bien plus chaud que le sien. Cœur de braise et couche de glace, cœur de glace et couche de braise. N’était-ce pas ironique ? Peut-être que tous les deux cherchaient la même chose au final, même inconsciemment : de la chaleur humaine, un rapprochement avec un autre être. Mais cela leur était interdit n’est-ce pas ? Pourquoi fallait-il que les hommes soient des animaux si sociaux ? Elle fut tirée de ses pensées par un mouvement, celui de Byakuya qui se redressait, attrapant de sa gracieuse gestuelle le haut de son kimono. Ses doigts quittèrent ses cheveux à cela et effleura légèrement la peau douce qu’elle avait massée, caressée et chatouillée. La main suspendue dans les airs le temps d’un soupire silencieux, Yoake finit par la reposer sagement sur le futon en l’observant. Qu’est-ce qu’elle disait ? Il ne resterait pas et bientôt, ce petit moment privilégié et suspendu quelque peu entaché par les sombres pensées de l’assassin éclata comme une bulle de savon.

Yoake : « Ce que je cherche... la même chose que toi je suppose. »

Sa réponse était plus sombre, un peu décalé par rapport à son attitude précédente. Elle savait que ce n’était pas ce que le noble attendait mais qu’importe, elle n’avait pas l’intention de lui expliquer son raisonnement – il devait s’en ficher également – et ses paroles resteraient peut-être à jamais obscures pour lui. Qu’importe. Ce n’était pas important. Cependant, il fallait vite détourner l’attention de Byakuya et l’empêcher de retourner à ses dossiers, c’était là son devoir en tant que garde du corps... et aussi l’empêcher de se poser trop de question sur le brusque changement d’humeur de Yoake. Rapidement, elle reprit son masque habituel et familier : celui de l’amusement, de l’ironie et de cette petite touche de moquerie dont elle avait le secret.

Yoake : « Tu as raison, couvre-toi il fait froid dehors. »

Fallait-il vraiment préciser qu’elle avait autre chose en tête ? Elle eut un petit sourire moqueur et provoquant avant de se lever avec souplesse et se saisir habilement de son Kenseikaan. Non, elle n’avait pas l’intention de le laisser se défiler ainsi et avait besoin d’évacuer la noirceur qui avait envahi son cœur. Il fallait faire remonter quelques bons souvenirs à la surface. Et pour cela, rien de tel qu’une bonne petite partie de chat, comme lorsqu’il était plus jeune non ? Elle avait repris cette vieille habitude de Yoruichi et l’avait arrangé à sa sauce, n’hésitant pas à se laisser attraper pour user de fourbes manœuvres ou à utiliser des pièges en tout genre. Tournant en quelque sorte le jeu à une situation plus... réaliste. Et qui avait au moins le mérite de mettre Byakuya moins en rogne que ses parties de chat avec son Bakeneko. Et lui apprendre de petits trucs et astuces également. Bref, ils avaient passés quelques bons moments tout de même ensemble, et il était temps de lui remettre en mémoire. S’étirant comme un chat en s’avançant dans la pièce, ses doigts jouant machinalement avec le précieux objet, elle lui fit une petite moue amusée avant de souffler doucement.

Yoake : « J’ai bien peur mon Jeune Prince, que ce surplus de dossier ne vous ramollisse... Pire que cela, je suis certaine que vous rouillez. Depuis combien de temps n’avez-vous pas fait une petite course en Shunpo ? »

Et, ponctuant ses paroles d’un petit clin d’œil, elle s’élança en shunpo dans le couloir. Oh, elle n’avait pas l’intention d’aller très loin, elle n’était pas à pleine vitesse et il la rattraperait facilement... Mais elle gagna assez de temps pour cacher le Kenseikaan sur elle. Où ça ? Ce serait à lui de le découvrir.

La course poursuite fut des plus courtes, mais cela n’étonna pas réellement Yoake qui ne cherchait pas à faire une épreuve d’endurance. Oh, elle ne s’était pas complètement laissé faire mais ni l’un ni l’autre n’était réellement à fond, ce petit jeu étant avant tout une diversion pour ôter les dossiers de la tête de son protégé. Et visiblement, cela marchait plutôt bien, même si paradoxalement ce fut dans le bureau qu’il la coinça, se jetant presque sur elle pour la bloquer contre le bureau. Une légère grimace barra ses traits alors que ses reins butaient contre le rebord du meuble mais elle l’avait cherché n’est-ce pas ? Une pile de dossier s’effondra, en entrainant une autre qui elle, finit sa course sur le sol, se répandant en un claquement sec. Ni l’un ni l’autre n’était réellement essoufflé, cette petite course était très loin de leurs capacités maximales. Cela pouvait seulement paraître comme les prémisses d’un échauffement, ceux qui vous mettent les muscles en feu en trois secondes et qui vous découragent en vous donnant l’impression que vous êtes déjà crevés et que si vous tenez encore debout là maintenant, c’est seulement parce qu’en fait vous êtes allongés sur le sol. Saloperie d’échauffement.

Byakuya : « Pourquoi cherches-tu mon courroux Yoake ? »

Rho, tout de suite les grands mots, franchement. Elle lui adressa un sourire espiègle pour toute réponse, et alors que son esprit cherchait une réplique cinglante à lui adresser, son regard dériva sur le corps de Byakuya... ainsi que sur leur position pour le moins ambigüe. Yoake était contre le bureau, les deux mains posées sur le meuble, elle pouvait sentir le bois sous sa main droite, et en tendant un peu les doigts, un objet que son esprit identifia comme un encrier alors que sa main gauche était le dernier espoir d’équilibre d’une pile de dossier à demi effondrée. Cambrée en arrière par un réflexe pour échapper à son assaillant, le bas de son dos était douloureusement pressé conte le rebord mais elle n’en avait cure, bien trop occupée à détailler la tenue du capitaine... elle ne lui avait pas laissé le temps de se rhabiller, c’était vrai. Mais elle ne s’attendait pas non plus à le voir si... débraillé. Son kimono était largement ouvert, la manche gauche ne tenant plus que sur son avant-bras, alors que son obi desserré avait laissé glisser son hakama. Situation assez embarrassante que Yoake trouva pour le coup très amusante, bien qu’ambigüe.

A cet instant, elle ne voyait que trois solutions pour sa tenue vestimentaire. Soit il restait ainsi et ses vêtements finiraient forcément par tous choir au sol. Soit il se plaquait contre elle et la pression de leurs deux corps tiendrait ce qui restait de ses vêtements en place. Soit il la relâchait pour se rhabiller et elle aurait tout loisir de filer de nouveau. Son sourire se fit un peu plus narquois et bien qu’elle n’en dit rien, l’expression de son visage était on ne peut plus clair, elle ne lui ferait pas de cadeau et profiterait de la moindre occasion pour prendre la poudre d’escampette. Surtout que non, elle n’avait plus le Kenseikaan dans les mains et qu’il allait devoir le chercher tout seul comme un grand sur elle... et cela s’annonçait être très drôle, s’il s’aventurait sur ce terrain-là. Elle papillonna presque des yeux pour le narguer et lui dit tout innocemment sur le ton d’une douce moquerie.

Yoake : « Enfin mon doux Prince, tu es si mignon quand tu t’énerves ! »

Elle pencha la tête sur le côté en quittant son air moqueur. Ses cheveux en profitèrent doucement pour couler derrière son épaule, laissant apercevoir sa peau pâle, rendue blafarde par les vêtements sombres et l’éclat argenté de l’astre lunaire. Son visage perdit sa charge ironique, pour prendre une expression plus douce et paradoxalement, plus provocatrice. Elle se demandait vraiment jusqu’à son petit Prince était devenu grand et jusqu’où il était capable d’aller pour récupérer son bien... D’autant plus qu’elle n’avait pas l’intention de l’aider dans ses recherches. Il ne fallait pas être un génie pour comprendre que ledit objet était caché quelque part sur elle... il ne restait qu’à savoir où.

Yoake : « Cependant, je n’ai pas l’intention de te dire où j’ai... dissimulé... ton cher ornement. Il va falloir que tu te débrouilles tout seul pour le retrouver... » souffla-t-elle d’une voix presque chantante.